Pages

jeudi 15 mars 2012

La mort d'une biscuiterie: PHYDOR aux Buttes Chaumont

Rue Botzaris 1950. Il n'y a pas encore d'immeubles..
1960. Le triangle limité par les rues  rue Botzaris (le long du parc), Hassard,  à la verticale au centre), plateau (à l’horizontale) est entièrement occupé par des industries (à l'exception de la Fondation Lebaudy qui était un asile pour les anciens ouvriers). Entre la rue Hassard et la rue des alouettes il y a des petits immeubles et des ateliers, tous les commerces sont représentés.
En 1973, en haut la rue Botzaris qui longe le parc, au centre horizontalement la rue du plateau, verticalement la rue Hassard
L'emprise totale de la biscuiterie est en bleu.
Son patron, M Philipidhis s'est associé avec un promoteur, la SINVIM, pour construire un immeuble d'habitation rue du plateau, tout le rez de chaussée et le reste de la parcelle étant toujours occupée par la biscuiterie 

1976. La nouvelle construction ( liseré orange) est achevée: 'immeuble d'habitation de 11 étages sur la rue  du plateau, Quai de chargement, emballage et bureaux sur la rue Hassard, deux étages de chaine de fabrication au centre, et silos à gauche.
1980. Les silos étaient derrière le nouvel immeuble blanc, 34 rue du plateau,  du premier plan
Ensuite, derrière l'immeuble 26/32 rue du plateau, le hall de la biscuiterie et au fond, rue Hassard,  les bureaux et les quais de chargement.
2014.. L'usine a disparu, un nouvel immeuble a été construit rue Botzaris, l'ancien bâtiment des bureaux, rue Hassard,  a été transformé en lofts
Journal officiel 18 février 1978 

 M. Fiszbin attire l' attention de M . le Premier ministre sur la très grave menace pesant sur l' emploi des 436 salariés de la biscuiterie Phydor, dans le 19' arrondissement de Paris. Il est en effet question à la suite du décès du patron (1) et des  difficultés financières que sa disparition a fait surgir —notamment un retard dans le paiement des salaires en novembre et décembre 1977 — de prononcer dans les tous prochains jours le licenciement collectif de tout le personnel. Des informations qui lui sont parvenues, il ressortirait qu'une offre de rachat serait présentée par une société, mais que la décision de cette dernière serait conditionnée par une aide financière des pouvoirs publics.
Au cas où cette aide lui serait accordée, ladite société envisagerait de ne conserver eue la moitié seulement du personnel actuel . Il semble donc que l'on se trouve en face d ' une situation dans laquelle plusieurs centaines de licenciements se préparent dans des délais
extrêmement rapprochés . Au moment où le chômage atteint des niveaux sans précédent, où les emplois industriels sont en voie de liquidation dans la capitale, il serait absolument impensable que le Gouvernement n 'assume pas ses responsabilités en prenant toutes les mesures qui s 'imposent afin de maintenir l 'activité de l 'entreprise et l'emploi de tous ses travailleurs . Il lui demande donc de prendre toutes les mesures nécessaires à cet effet et de bien vouloir les lui faire connaître.
  1. M Philipidhis s'est tué dans un accident de voiture
L'unité ( organe du parti socialiste)  10 Mars 1978 

 Dans le Xxe (XIXeme !) arrondissement, en face du jardin des Buttes-Chaumont, la biscuiterie Phydor est occupée. Il ne s’agit pas d’une petite entreprise artisanale : Phydor est la sixième biscuiterie de France et emploie près de 500 salariés. Cette société florissante, qui, il n’y a pas longtemps encore, investissait dans des machines très perfectionnées. Le 1er novembre 1977, le P.d.g. se tue dans un accident d’auto. Un acquéreur possible se présente alors. Mais le marché ne peut se conclure parce-que tous les fonds sont bloqués. Jusqu’au 10 février, les assedics ont payé les salariés : 1800 F mensuels pour 80 % du personnel, dont une majorité de femmes. Mais, depuis le 10 février, plus rien. Alors les salariés ont décidé d'occuper les locaux pour surveiller les machines. Le 6 mars dernier, délégués C.g.t. en tête, une délégation se rendait devant le ministère des Finances : manifestation populaire qui a permis à de nombreux automobilistes de goûter aux biscuits Phydor distribués par les salariés. « Une honte, déplore une salariée, tout ce stock de gâteaux qui risque de s'abîmer dans l'usine! » Une situation d'autant plus stupide que de nombreux clients, ignorant la situation, téléphonent encore pour passer des commandes.

Le quotidien du peuple 25 Mars 1978

Phydor (Paris 19e) : 185 travailleurs repris… sur 430.

Après une valse hésitation Vitrac reprendra  la biscuiterie Phydor en 1978. Un nouveau "plan de redressement" sera présenté fin 1982 et l'histoire de notre biscuiterie s’arrêta peu après vers 1985.

J"ai bien peur que fin 2012 des articles aussi laconiques nous apprennent bien des fermetures d'usines !

Dans "les copains d'avant" on trouve des photos des salariés de Phydor 

Les usines désertèrent Paris pour la banlieue après la guerre de 14. Les dernières de notre quartier  fermèrent dans les années 60, victimes de la désindustrialisation générale. La biscuiterie Phydor était donc une survivante.
Dans le quartier il ne restait guère que les stores Roussel, rue des alouettes, pour rappeler le passé industriel. Il y eut dans les environs immédiats au 40 bis et 46 rue Botzaris les établissements Caharit, manufacture de vêtements de travail. au 4 bis rue Clavel les établissements Joseph et fils de passementerie, au 31 la manufacture de peignes A. Mermet, la rue Fessart comportait des fabricants de chaussures aux n°28, 32, 34, 44 et 69, le plus important étant rue du général Lassalle ( le bâtiment fut longtemps le squat d'artistes "la générale").

Les établissements les plus importants proches furent  les studios Gaumont (la cité Elgé) , puis les studios des Buttes Chaumont de l'ORTF rue de la Villette, les établissements Jules Richard 25 rue Melingue,  les usines Meccano 78 rue de Rebeval Bornibus 58 boulevard de la Villette ,  et les cartes Grimaud 6 rue David d'Angers. 
Roussel Stores en 2008.
Un établissement prospère
Roussel Stores en 2014.
Roussel Stores en 2015 Roussel Stores aujourd'hui

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire