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jeudi 29 mars 2012

Les autres buttes Chaumont



Vue de Paris depuis la (future) butte Bergeyre en 1620.
On voit l'hopital St Louis, puis plus loin Notre Dame
et St Etienne du mont 

Les buttes après les carrières 
En sombre, l'étendue des carrières souterraines
(la butte Bergeyre, une grande partie du parc ,
les abords de la mairie et de la station Danube).  
Le temple de Sybille du parc vu des fortifs au début du XXéme siècle .
Le parc était cerné d'usines et de terrains vagues.
Seul "le populaire" le  fréquentait ( le dimanche
seulement puisque les autres jours on travaille)

Les plans anciens ne montrent qu'une butte Chaumont sur laquelle se perchait le modeste village de Belleville avec de nombreux moulins, des vignes et des champs.


Dès le XVII éme siècle des carrières extraient le gypse et l'argile de la butte. Peu à peu la butte  fut grignotée par les carrières  à ciel ouvert ou souterraines.

Si vous souhaitez des détails sur ces  carrières consultez l'article: carrières

Ainsi naquit le relief actuel à l'Ouest de Belleville
Dans la deuxième moitié du XIX ème siècle, les carrières s'épuisent.  Les terrains vagues résultants étaient aux mains de quelques grands propriétaires, donc se prêtaient bien à des opérations de lotissement ou d'expropriation.

Il y avait cependant deux inconvénients majeurs: là ou il y avait eu des carrières à ciel ouvert le terrain était devenu très accidenté, là ou il y avait eu des carrières souterraines le sol était instable.

Les carrières à ciel ouvert sont devenues essentiellement le parc actuel. 

Là ou il y a  des anciennes  carrières souterraines on ne pourra d'abord  que  construire des bâtiments légers, surtout des pavillons.

Le plateau et les alentours de la place des fêtes furent à peu près épargnés par les carrières. Ils ont  d'abord été envahis par des petits immeubles, des ateliers, puis des usines. Sur le plateau, à partir des années 60, les usines  furent remplacés par des immeubles. Le plateau est donc un mélange d'immeubles modestes du début du XXéme siècle et d'imposants immeubles récents. 
La transformation des années 60 fut encore plus radicale pour les alentours de la place des Fêtes que la "rénovation" couvrit de tours.  
Le bâti du XIX ème a été complètement renouvelé depuis les années 60.
Les seules zones "épargnées" sont une partie du village de Belleville et les zones construites dans les années 20-30: la butte Bergeyre, la Mouzaïa et la ceinture des maréchaux. 

La butte Bergeyre

Parc d'artillerie durant la guerre de  1870 vu au  pied de la butte Bergeyre coté parc
A l'inauguration du stade Bergeyre on utilise
la tour des "folles Buttes" comme panneau d'affichage.(Gallica)
Butte Bergeyre aujourd'hui. A droite le parc, à gauche les vignes.
Le stade occupait toute la partie centrale,
les Folles Buttes étaient du coté de l'avenue Mathurin Moreau.
Elle s'inscrit dans un triangle formé par les rues Manin, Mathurin Moreau et Simon Bolivar.
Il y avait là, il y a très longtemps, des moulins et des vignes.
La butte avait le voisinage peu agréable de la voirie de Montfaucon qui s'étendait de l'actuelle station Bolivar à la mairie. 
Elle sera très tôt minée par les carrières souterraines. A la fin du XVIIIéme siècle, le tout nouveau service d'inspection des carrières fait sauter les carrières abandonnées: le sol s’effondre, les moulins chavirent.
Après la construction du parc c'est toujours un terrain vague recouvrant des carrières mal remblayées.

Les constructions commencèrent  sur les nouvelles rues qui enserraient la butte.
Adolphe de Rothschild avait une maladie des yeux, aussi créa t'il la fondation ophtalmologique qui porte son nom à l'angle  Nord Est. 
Sur le flanc Nord s'établit vers 1910 un établissement d'une tout autre nature:  "les folles Buttes", version réduite du Luna park de la porte Maillot.
Sur le haut, désert et plat, de la  butte, on construisit un stade de rugby inauguré en 1918. On lui donna le nom d'un joueur  mort durant la guerre: Bergeyre.  

Le stade fut démoli en 1926, les Folles Buttes fermèrent un peu plus tard  et on lotit pour créer des pavillons.



Aujourd'hui la butte est quasi invisible derrière un rempart d'immeubles des années 20 
simplement percé d'escaliers et d'une seule voie d'accès carrossable:  la rue Georges Lardennois. Sur l'avenue Bolivar s'ouvre la rue des chaufourniers qui présente un joli espace vert à flanc de coteau ( avec des vignes). Sur le sommet de la butte il y a toujours des pavillons et une belle vue sur Paris.

Il y a une épicerie utopique à laquelle vous pouvez acheter des paniers de légumes et un jardin partagé (près des vignes).


Pour plus de détails consultez:

La butte beauregard


Les 3 rues à droite convergent vers la place des fêtes
 ( rue des lilas, pré st-Gervais, des bois).
La rue à gauche  est la rue Compans.
Tout en haut horizontalement la future rue de Bellevue. 


Bien que faisant partie de la butte Chaumont elle porte déjà ce nom dans le plan  Roussel de 1731Elle se se nomme ainsi à cause  des points de vue sur  la campagne  qu’on y avait  au 18ème siècle.  A l’époque la rue de Bellevue était couronnée de 9 moulins  et il y en avait encore cinq en activité en 1801. 


La butte a subi d'abord l'attaque de carrières à ciel ouvert puis l'exploitation "en grand" des  carrières souterraines d'Amérique qui s'épuisent vers la fin du XIX eme siècle. 
Sur cette friche, le propriètaire du domaine installe le nouveau Marché aux Chevaux et Fourrages, qui fait faillite en 1879, un an après son ouverture. Il y avait surement une erreur d'analyse, car si les chevaux étaient très nombreux dans le quartier à cause  de l'exploitation des carrières, il n'y avait après leur fermeture, aucune raison pour que ceux ci viennent dans ces hauteurs reculées. Malgré cet échec, le canevas du quartier est en place pour les développements ultérieurs car les carrières sont à peu près comblées, le sol nivelé et les rues tracées:  la rue de Mouzaïa en 1875, la Place du Danube, les rues du Général Brunet et David d'Angers en 1877. 
L'hopital Herold à la station Danube maintenant remplacé
par des immeubles et le lycée Diderot 
Contraste entre les villas et les tours.
Rachetés par des investisseurs , les 25 hectares du site  sont divisés en lotissements pour la construction de logements. Mais les prix très attractifs ne séduisent pas la clientèle qui hésite à faire contruire sur des terrains réputés fragiles. Ce n'est qu'en 1881 que les premières villas voient timidement le jour comme celles de Bellevue, des Fleurs (aujourd'hui Emile Loubet), ou des Lilas. Pour le centenaire de la révolution sont ouvertes des rues au nom  républicain : rues de la Liberté, de la Fraternité, de l'Egalité, de la Solidarité, villa du Progrès,... 
En 1889 l' A.P. acquiert un terrain et en  1893 s'ouvre un hôpital de 100 lits "de la place du Danube". Celui ci prendra ensuite le nom d'Herold, ancien préfet de la seine. Il sera transformé en 1895 en hôpital pour enfants.

Aujourd’hui, dans  le  quartier de la Mouzaïa. Les pavillons sont toujours là, dominés  par les tours de la place des Fêtes. C'est toujours le lieu des  "villas", c'est à dire des petites voies rectilignes établies dans le sens de la pente  que bordent des pavillons. Les constructions plus imposantes sont dues au XXeme siécle, elles commencèrent avec l'église St François d'Assise  qui demanda de creuser des puits de 30m jusqu'au sol des carrières . 
L’hôpital a laissé sa place au lycée technique Diderot et à des immeubles. C'est l’hôpital Robert Debré qui le remplace, ce dernier a été  construit  près de l'église "St Marie médiatrice de toutes les grâces" sur l'ancienne zone . Cette église,  édifiée  dans les années 50,  était abandonnée depuis une dizaine d'années, le toit en cuivre de son baptistère était arraché , les vitraux brisés. Elle a retrouvé avec le voisinage du nouvel hôpital  une nouvelle vie   



Le secteur de la place des fêtes faisait partie des abords de Belleville . Il n'y avait donc pas de carrières mais des industries, des ateliers, des habitations modestes  et des terrains vagues. C'était l'endroit rêvé pour une rénovation telle qu'on  l'envisageait dans les années 60. Ce fut le projet Leboucher qui, très amendé (*), amena la construction de 7 tours, dont deux IGH de 35 niveaux, 5 autres de 18, et 11 édifices de plus de 12 étages. 80% des anciens habitants furent relogés ailleurs. On tenta dans les années 90 de rénover la rénovation en améliorant un peu l'espace entre les tours ( projet Huet).


La séparation entre les villas et  les tours de la place des fêtes se trouve ironiquement placée rue de Bellevue. Quand on regarde la vue aérienne on pourrait penser qu'il y a tout de même une certaine cohérence avec l'ancien parcellaire puisque les barres sont orientés, comme les villas, dans le sens de la pente.
Elles sont malheureusement construites sur une dalle. La "façade" de celle ci constitue une muraille le long de la rue de Bellevue. 

Les chanceux qui trouveraient la porte ouverte peuvent se consoler en visitant la villa des fêtes au 13 rue des fêtes. 
A au fait : la seule vue encore possible pour un piéton se trouve en haut du square du chapeau rouge ( nommé ainsi à cause d'une guinguette). Le lieu était célèbre car Jaurès y tint un meeting très imposant en 1913.
Le square est entouré par les HBM construits sur les fortifs et la "zone" : c'était l'opération du "Grand Paris" en ... 1933 
Voir aussi l'article sur la rénovation de Belleville 

*) par la suppression de la plus grande partie de la dalle piétonne trop coûteuse.


Les buttes du parc

Vue des carrières avant le parc par C F Soehen
Courbes de niveau avant et après le parc
Le plan est orienté pour que l’entrée principale ( de la mairie)
se trouve en bas, donc le Nord est dans le bas de la feuille.
Lorsque la construction du parc est décidée il y a quatre  éléments structurants existants :

  • A l'Ouest, l'espace des carrières vient tout récemment d'être traversé par la rue Fessart prolongée  (qui va vers Jaurès),
  • Au centre il existe un massif de roches inexploitables autour duquel  tournent les chemins d'exploitation des carrières, 
  • Toujours au centre il y a l'entrée des anciennes carrières souterraines qui s'enfonce sous le plateau, 
  • A l'Est l'espace est depuis 10 ans traversé par la petite ceinture, 
et un impératif pour les concepteurs : le parc doit être bordé d'avenues de promenade ( donc pas trop pentues et avec des points de vue)



L'impératif imposera les limites du parc: il faut exclure la butte Bergeyre et établir un Boulevard à la limite du "plateau". La rue Fessart  a une trop forte pente et il faudra créer l'avenue Simon Bolivar dont la sinuosité permet  une pente acceptable pour les voitures.


Pour le reste: 

  • De part et d'autre de la rue Fessart transformée en allée du parc ( av du Gl San Martin) on élèvera deux mamelons formant belvédère -la butte Puebla et la butte Fessart - , complétés par une butte plantée inaccessible - la butte des cèdres -. 
  • On accentuera le massif central en l'isolant, on le couronnera d'un temple et le lac prendra la place des chemins d'exploitation.
  • L'entrée des carrières sera transformée en grotte avec une cascade, le fond étant muré,
  • Les bords de la tranchée de la petite ceinture seront simplement adoucis.

Pour un parc il faut de la terre et il n'y en a guère dans une carrière à ciel ouvert. La terre arable viendra de la construction des réservoirs de Ménilmontant et des halles du marché de la Villette.
L'eau viendra du canal de l'Ourq et sera stockée dans des réservoirs rue Botzaris. 

Le plateau 

Dans les années 50 il y a encore un mélange
d'habitations et d'industries.
Les cheminées sont celles des studios Gaumont
(au début du XXéme  il fallait produire sa propre électricité
avec des machines à vapeur et des dynamos).
Du Sud  on montait par le sentier des moulins ( la rue Clavel)  vers... des moulins et une  guinguette, le moulin de la galette, qui subsista jusqu'à la fin du XIX eme siècle près de la rue Preault. 
Cette partie de la Butte n'a été touchée que marginalement par les carrières.
Il n'y eut donc pas un seul propriétaire capable de lotir mais de multiples propriétaires de  parcelles agricoles, le plus souvent très allongées. 
On créa d'abord des passages au centre des parcelles allongées  le long desquels se distribuaient de modestes bâtiments. Deux  exemples de ces voies très étroites sont le passage du plateau ou la jolie villa de l'Adour , mais la plupart disparurent ou il n'en reste que l'amorce perpendiculaire à la rue actuelle  derrière des grilles. 
Vers 1853, les propriétaires adressent un pétition pour le pavage des rues. Le maire de Belleville écrit alors au préfet .
"Ces rues ne mènent à rien et forment un quartier isolé ou les constructeurs qui ont acheté le terrain à vil prix, se sont plantés à leur fantaisie et ont élevé des maisons à un ou deux étages au plus avec des matériaux défectueux, la plupart occupées par des cabarets qui servent de retraite aux maraudeurs des champs et aux filles publiques" 
Au début du XXéme siècle, le plateau se couvrit de petits immeubles, d'ateliers et d'industries.
Parmi les industries, il faut surtout noter Les studios Gaumont de la rue de la Villette qui furent les plus grands studios de cinéma au monde avant la guerre de 14.
Dans les années 60 les industries et les ateliers commencent à être remplacés par des immeubles. Les studios Gaumont, reconstruits et devenus studios de l'ORTF, puis de la SFP, cédèrent la place à des immeubles Bouygues dans les années 90.
Aujourd'hui ce mouvement de "remplacement" est presque totalement achevé.
Les rues présentent donc souvent un mélange  de petits immeubles  1900 et de grands immeubles modernes ayant pris la place des  ateliers. 

Sites et références 

Histoire  
Promenades et sites contemporains


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