C'est pourtant à lui que l'on doit une invention décisive dans la technique cinématographique: la croix de Malte.
Les usines Continsouza de Belleville fabriqueront les projecteurs Pathé mais ce Tullois repartira définitivement dans sa ville en 1937 ou il dirigera l'usine de La Marque.
Continsouza et Bunzli
Né à Tulle 10 avril 1872, Pierre-Victor Continsouza était le fils d'un pâtissier de la ville. Après une enfance corrézienne, il intègre l'école d'horlogerie de Paris en 1887. Élève brillant, il travaille, dès sa sortie pour la société Jules Richard, fabricant d'appareils de précision rue Mélingue, qu'il quitte en 1893 pour effectuer son service militaire.A sa démobilisation il est embauché par la société de mécanique Kusnik. En 1896 il fonde avec René Bunzli, une petite société à leur nom de construction de phonographes et aux appareils pour l'industrie cinématographique naissante.
En 1896 Pierre-Victor Continsouza et Bunzli déposent deux brevets consécutifs fondamentaux pour le cinéma. Le premier concerne un projecteur de film utilisant « un système d'avance intermittente à croix de Malte à cinq branches ». Le second est un système « d'avance intermittente à croix de Malte à quatre branches ».
L'actionnaire de Charles Pathé, Grivolas, entre au capital de la société en 1897 qui devient la "Manufacture Française d'appareils de précision" au capital initial de 350 00 F porté à 1 million en 1898.. les bureaux sont situés 25 et 27 Bd de Belleville alors que les ateliers sont 9 rue des Envierges dans la villa Faucheur
En 1899 Bunzli et Continsouzza déposent leur dernier brevet commun pour l'animateur stéréoscopique. Ensuite Bunzli se rapproche de Louis Lamazière qui fabrique l'animateur pendant que Continsouza prend la direction de l'usine de Belleville.
René Bunzli s'associe en 1909 avec Louis Lamasière et fonde" la Socièté des constructeurs d'appareils de précision" dont le siège est 11 rue du Surmelin et les ateliers à Saint Nicolas d'Aliermont
En 1900 la manufacture fusionne avec Pathé frères mais reprend son indépendance en 1909 : "les établissements Continsouza"au captal de 3 200 000 francs
Les établissements Continsouza
La société fabrique le projecteur "Pathé renforcé" , évolution du "Lumière transformé Pathé" de Carpentier.et la caméra "Pathé Professionnel" , la référence des caméras pour les studios du muet.
En 1914 la société emploie 1000 ouvriers à Belleville et produit plus de la moitié des projecteurs et caméras en Europe.
L'usine était d'abord rue des Envierges, dans la villa Faucheur, mais elle s'étendit et finit par atteindre la cour de la Métairie en 1915. Dès lors l'entrée de l'usine se fit par la rue de Belleville, l'adresse officielle étant le 403 rue des Pyrénées.
Durant la grande guerre , Continsouza loue à Tulle les ateliers de l'usine de La Marque où il produit de l'armement pour participer à l'effort de guerre. Les bénéfices sont respectables 5 300 000 F en 1916 ( pour un capital de 3 200 000 F)
La paix revenue, il se consacre à son domaine de prédilection et devient propriétaire de l'usine.
En 1922 apparaît le « Pathé Baby » 9,5 mm , le premier projecteur pour tous les foyers seront ensuite , l'appareil sera fabriqué à Belleville puis aux ateliers Vaucanson de Saint Nicolas d'Aliermont. Une caméra Pathé Baby apparaîtra en 1924 rendant possible le cinéma d'amateur.
Le Pathé rural est lancé en 1926, sa version sonore apparaîtra en 1832
Dans les années 20 M Coissac écrit: "La superficie totale couverte par les Établissements Continsouza est d'environ 10.000 mètres carrés. Faute de pouvoir s'étendre davantage en superficie, ils se sont développés en hauteur, avec tout un système d'ascenseurs et de monte-charges. Rien ne peut donner une idée du merveilleux agencement de ces ateliers modernes,, d'où sortent tant de modèles d'ingéniosité, de précision, de confort et de robustesse : appareils de prises de vue, d'exploitation, d'enseignement, de publicité, d'amateurs, etc., ainsi que tous leurs accessoires électriques"
Comme jules Richard rue Carducci, l'usine de Belleville a sa propre école de formation.
En vérité la situation est beaucoup moins rose que l'écrit M Coissac.
V Continsouza et Charles Pathé ont du abandonner en 1920 leurs poste d'administrateur de Pathé consortium suite à l'opposition de la Banque Industrielle de Paris
Après guerre le matériel cinématographique américain envahit le marché français. V Continsouza réagit en sortant en 1921 le Pathé Mundial (inspiré du projecteur américain Simplex) et en se diversifiant dans les machines à écrire et dans la fabrication d'accessoires électriques pour automobiles ( delco).
De 1924 à 1925 le capital de la société passe de 5 millions de francs à 20 millions.
La production est abandonnée à Tulle en 1925 et les bâtiments sont vendus en 1927.
A la fin des années 20, les Etablissements Continsouza abandonnent peu à peu le cinéma pour aborder diverses constructions mécaniques,
Continsouza et la MIP
Pierre-Victor Continsouza quitte la société qui porte son nom, et fonde, le 1er mars 1928, la société M.I.P. (Mécanique Industrielle de Précision) avec les Etablissements Louis Aubert.. Les ateliers sont alors 29 rue des Panoyaux dans le 20 e. Louis Barré succède rapidement aux établissements Aubert comme actionnaire.L. Barré se retire de la société en 1936.
Les ateliers de la rue des Panoyaux sont installés dans un immeuble de 3 étages de 1000m². au n° 27 et 29
Pierre-Victor Continsouza revient à Tulle sur le site de l'usine de La Marque en 1937. On y fabrique des projecteurs de cinéma ( MIP et Aubert N M), mais aussi des machines à coudre et des démarreurs.
En 1938 la MIP devient socièté anonyme, sous le contrôle de la société Brandt, les ateliers de la rue des panoyaux deviennent "Mécanique industrielle de précision ateliers Jules Carpentier"
En 1941 Pierre-Vicor Continsouza quitte l'entreprise qui fabrique à Tulle de l'armement
Pierre-Victor Continsouza meurt le 16 août 1944,à l'age de 72 ans, dans sa maison de Lachèze près de Tulle
Belleville sans Continsouza
Fin 1927 l'usine de Belleville fabrique des projecteurs pour Pathé (Pathé Baby, Pathé rural, Pathé renforcé type A.B. R.) et des machines à écrireDébut 1928, presque simultanément, Continsouza s'associe à Aubert et l' usine de Belleville brûle.
Les établissements Continsouza ne sont plus dirigé par Pierre-Victor.
L'usine est partiellement reconstruite
Le Pathé kid, version simplifiée du Pathé baby est lancé en 1929
En 1929 Gaumont rachète les établissements Continsouza, très endettés, sous la pression de la BNC ( Banque nationale de crédit)
En 1930 la Gaumont Franco film Aubert est créée, Léon Gaumont n'est plus que président d'honneur.
La nouvelle société a trois usines: la cité Elgé de Gaumont, l'usine Radio-cinéma de Courbevoie et l'usine de Belleville des établissements Continsouza . Des trois, seule l'usine de Courbevoie va poursuivre la production d'appareils de cinéma.
L'usine de Belleville fabriquera les machines à écrire "Contin" et du matériel électrique. Elle produit des munitions durant la guerre et ferme définitivement en 1948.
Elle fut partagée entre le tout nouveau centre mécanographique des impôts et d'autres industries telles les chaussures Berthelot.
C'est là aussi que, le 16 juillet 1942, furent rassemblées les familles juives du quartier avant leur transfert vers le Vel d'Hiv.
Sites et références
- Cinématographes
- Projecteurs
- Collection d'appareils de la Cinémathèque Française
- Histoire du cinématographe. Marcel Coissac. 1925
- Histoire des spectacles. Le cinéma. 1932
- Le monde illustré 29 décembre 1917
- Les profiteurs de la guerre. Mauricius 1917
Bonjour,
RépondreSupprimerLa Ville de Paris prépare actuellement un panneau historique sur les usines Continsouza, que l’on pourrait placer à l’entrée du cours de la Métairie
Je recherche une photographie pour illustrer ce panneau et je trouve la vue perspective des usines qui se trouve sur votre blog très intéressante.
Accepteriez-vous de me dire où vous l’avez trouvé ?
Je reste à votre disposition
Frédéric Jimeno
Responsable de la Bibliothèque du Comité d’histoire
Direction des Affaires culturelles
Département de l’histoire et de la mémoire
frederic.jimeno@paris.fr
01 42 76 77 30