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mercredi 2 mai 2012

Les fortifs près des Buttes Chaumont



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Essai de repérage des photographies



1) La porte des Lilas ( de Romainville). La ligne 1 de tramway de la compagnie  des transports de l'Est Parisien allait de l'Opéra à Noisy le Sec. Le 4 venait des Halles, longeait les Buttes Chaumont , sortait de Paris par la porte Chaumont et filait vers Bobigny
2) Probablement porte du Pré St Gervais. Cette image est extraite du film  "l'enfant de Paris" de Leonce Perret (1913) car les studios Gaumont étaient situés dans la toute proche rue de la Villette. Les opérateurs allaient sur les fortifs ou dans la zone dès que devaient intervenir des "apaches" dans l'action. 


3)  La porte du Pré St Gervais  ( Paris Atlas 1900). La forte rampe existe toujours et en la descendant on a sur sa droite   St Marie Médiatrice et l’hôpital Robert Debré. 
4) Le meeting du 25 Mai 1913 contre la "loi des 3 ans" ( de service militaire) sur la butte du chapeau rouge ( le nom viendrait de celui d'une guinguette)
Jaurès y pris la parole, mais on peut douter qu'il fut vraiment entendu de la foule rangée quasi militairement par sections d'arrondissement et par syndicats. ( musée Jaurès de Castres)


5) Au premier plan la porte Brunet, créée vers 1900, au second plan la porte Chaumont


6) Le tramway sort de la porte Chaumont et file vers le Pré St Gervais 
7) L’électricité est arrivée porte Chaumont !  Nous sommes probablement en 1920.
Le tramway n°4 de la compagnie des tramways de l'Est parisien doit se nommer 99 après sa reprise par la SCTRP. Il  va maintenant des Halles au Raincy en passant toujours par les Buttes Chaumont.

Les fortifs et les forts extérieurs. Nous dépendons de l'établissement de la Villette couvert par les feux des établissements de St Fargeau et de la Chapelle. Nos forts extérieurs  principaux sont Romainville et Noisy   
Plan des fortifs du Nord Est avant la petite ceinture et le parc. La commune des Lilas ne sera créée qu'en 1867
Porte du Pré St Gervais par Atget
La Porte du Pré St Gervais en 1913 lors des travaux du métro.
En 1925 les fortifs seront démolies il restera la "zone". E Henard proposera d'y établir un "boulevard à redans", J C N Forestier une série de parcs, Louis Dausset une ceinture continue d'espaces verts "hygièniques"... tout cela aboutira au triste résultat actuel.
Sainte Marie-Médiatrice-de-toutes-les-grâces  terminée  en 1954
L'endroit était tellement désert qu'on y tourna un western.
L'église fut fermée faute de paroissiens et commença à se dégrader.
C'est la communauté portugaise qui la fera revivre sous le nom de ND de Fatima.

La ceinture verte ne verra jamais le jour. Le square de la butte du chapeau rouge en sera une des rares réalisations
Construction du réservoir des Lilas dans les années 60. Au dessus on aperçoit St Marie Médiatrice

Histoire brève d'enceintes inutiles

L'enceinte des fermiers généraux, construite sous Louis XVI, n'était qu'une barrière d'octroi et pas un moyen de défense de Paris.  
En 1814 Paris connu quelques épisodes héroïques dans notre quartier mais il s'agissait de batailles pas d'assaut de fortifications.
Sous la restauration, en 1818, le  ministre de la Guerre, Laurent de Gouvion-Saint-Cyr, crée une commission pour «présenter ses vues sur le meilleur système de défense" pour Paris.
La commission ne proposera pas grand chose, en  1830 on créa un nouveau comité puis en 1836 une "commision de défense du royaume" qui se mettra enfin d'accord sur  une enceinte "élargie"  et 16  forts de protection dont la construction commencera en 1840 sous l'impulsion de Thiers.
Cette décision est curieuse car à la même époque les villes allemandes vont commencer à détruire leurs fortifications et à les remplacer par des boulevards avec seulement de nouveaux forts de protection.
Les travaux seront rondement menés  et terminés en 1845 ( l'argent nécessaire avait été mis en réserve durant les années de "commissions"). L'enceinte comporte 17 portes et 23 barrières d'octroi
En juillet 1870 La France déclare la guerre à la Prusse. Le 2 septembre 1870 Napoléon III est capturé à Sedan et capitule. Une république est proclamée et un gouvernement provisoire nommé. Les Prussiens se dirige vers Paris. La capitale est transformé en un camp retranché. Une partie des portes, les canaux et les accès des voies ferrées sont fermées. Les maisons dans la ligne de feu  sont démolies et  on créé une "zone" non aedificandi ". Les Prussiens arrivent le 19 septembre et établissent le  siège qui durera quatre mois.
Le 28 Janvier 1871 , le traité de Versailles est signé, stipulant que toutes tous les forts formant le périmètre de défense de Paris, ainsi que leurs armements, seront remis aux forces allemandes. Le traité stipule en outre le désarmement du mur de Thiers.
Les fortifications ont montré durant cette guerre qu'elles n'étaient guère efficaces.
Elles ne le seront pas plus quand les Versaillais reprendront Paris aux communards.
Vers 1880 les militaires, insatiables, proposent de construire une seconde enceinte de Paris plus loin. Cette demande entraînera la construction de   21 nouveaux forts à une vingtaine de kilomètres  suivant le plan de Séré de Rivière.

En 1883  le conseil municipal de Paris vote pour demander la suppression du mur de Thiers, le transfert de la propriété à la ville et la fin des restrictions sur la construction dans son voisinage.
Pendant la guerre de 14  le  mur de Thiers se révèle inutile  dans la défense de Paris.La portée de l'artillerie allemande (largement supérieure à 100 km) le rend  hors de propos.
En 1919  la ville achète la propriété pour 100 millions de francs à l'Etat. La ville doit acheter ou exproprier les terrains associés et doit maintenir la « zone non aedificandi ». Le début des travaux de démolition des murs s'effectue dans la période 1925-1930 La "zone" est alors annexée à la ville.
L'histoire des fortifications de Paris connait un dernier soubresaut lorsqu'en  1930 on commence la ligne Maginot près des frontières: le général Chauvineau demande une défense plus rapprochée pour Paris. Une nouvelle ceinture de forts est construite à 150 km de Paris, elle sera achevée en Mars 1940.
La "zone" ne fut supprimée par une loi qu'en  1953.
Il y eu de nombreux projets pour utiliser l'espace libéré par l'enceinte et la zone. Le plus généreux d'entre eux prévoyait une couronne continue de parcs autour de Paris. Il y eu finalement des HBM et quelques jardins, le tout sans vrai plan d’ensemble. Le seul ouvrage majeur fut la construction dans les années 60 du boulevard périphérique. De nos jours on tente encore de "bourrer" l'espace jugé mal utilisé en recouvrant parfois le périphérique.

Les fortifs autour de la porte Chaumont

Pour venir à la butte Chaumont du temps des  barrières d'octroi de l'enceinte des fermiers généraux on sortait de Paris par la porte du Temple ( métro Belleville) et on montait au village de  Belleville.
Le mur de Thiers engloba le village de Belleville.

Voir le plan complet sur Gallica



Au delà de l'enceinte s'étendait le bois de Romainville( très fréquenté par les ouvriers le dimanche), surmonté par le fort rapproché de Romainville.
C'est un rectangle  de quatre bastions reliés par des courtines avec  trois demi-lunes.
Un peu plus loin de Paris il y avait le fort de Noisy. 
Bien au delà la  forêt de Bondy a encore une grande étendue. "La compagnie foncière du Raincy" ne commence à en lotir une partie  qu'en 1848 
L'enceinte elle même était formé de bastions reliés par des courtines percées de portes avec des  barrières d'octroi .
A un endroit donné l'enceinte était constituée: 
-D'une route militaire intérieure,
-D'un parapet de 6 mètres de large,
-D'un mur d'escarpe d'une épaisseur de 3,5 mètres et de 10 mètres de haut
-D' un fossé sec de 40 mètres,
-D'une contrescarpe en pente légère.
-D' un glacis de 250 mètres de long.
Elle était divisée en 9 secteurs, le notre était le second et s'étendait  de la porte de Montreuil à la porte d’Allemagne (de Pantin) avec les bastions 12 à 24.
Précisément dans notre quartier nous avions :
....,bastion 18, Porte de Romainville ( des Lilas) ,bastion 19, bastion 20, porte du Pré St Gervais , bastion 21 ,bastion 22,  Porte Brunet ( créée après 1900), bastion 23, Porte Chaumont, bastion 24, Porte d'Allemagne ( de Pantin),...

Il reste très peu de vestiges de l'enceinte et les forts autour de Paris sont dans un état de décrépitude ou de démolition avancée. Cette enceinte et ces  forts furent inutiles mais il en est de même de la plupart des forts de Vauban dont on fait maintenant grand cas. Il faudra probablement encore une vingtaine d'années pour que l'on se préoccupe  de ce patrimoine ( de ce qu'il en subsistera)(1)

Les HBMs puis les HLMs occupèrent l'espace des fortifs à l'exception du square de la butte du Chapeau rouge , des réservoirs d'eau attenants, des archives de Paris  et du tout nouveau square Serge Gainsbourg sur le périphérique
(1) On peut voir de modestes restes du bastion n°1 dans l'échangeur de la porte de Bercy.
 Jusqu'à ces dernières années il y avait, de part et d'autres des voies de la gare St Lazare, derrière les magasins des décors de l'Opéra, un long tronçon intact dans un terrain vague. Celui ci vient de disparaître en grande partie avec les opérations immobilières actuelles.
Il reste une partie des bastions 44 et 45 ( square Claire Motte). 

Sites et références

3 commentaires:

  1. Bonjour, la photo n°10 ne represente pas la porte des Lilas, mais la porte de Pantin en arrière plan, et en 1er plan, là où on peut voir des entrepots, se tient aujourd'hui la station de tram "Delphine Seyrig". Cette photo a été prise depuis le haut du grand moulin de Pantin. Le canal est à nos pieds.

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  2. Vous écrivez "Le 13 Septembre 1870 Napoléon III est capturé à Sedan". Non, il a été capturé le 2 septembre 1870 et la République est proclamée 2 jours après, le 4.

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