C'est un complément de l'article plus général sur l'histoire du parc.
Le Temps du Jeudi 24 Avril 1862
Projet du parc en 1862. On note la rue Fessart prolongée qui traverse le parc et la tranchée de la petite ceinture à droite. La quartier est peu construit de modestes batisses. |
Si nous en croyons le Courrier du Havre, le conseil d'Etat est saisi en ce moment d'un projet ayant pour but l'aplanissement des buttes St-Chaumont, célèbres dans les annales parisiennes par la résistance que les alliés y rencontrèrent en 1814. Plusieurs gardes nationaux y furent tués, et notamment le fameux ventriloque Fitz James.
Dans le projet en question, les buttes St- Chaumont, aujourd'hui couvertes en grande partie de maisons tristes et mal tenues, seraient abaissées au niveau des boulevards extérieurs, et formeraient une ville comme les Batignolles ou les Ternes. Une compagnie, composée de banquiers et de capitalistes, se chargerait à ses frais de l'expropriation et des travaux de nivellement. A la place de ces buttes stériles, elle ferait construire de vastes maisons, toutes composées de logements modestes, spécialement destinés aux employés, aux petits rentiers et aux ouvriers On nous assure que ce projet a de grandes chances de succès, et qu'il serait mis prochainement à exécution.
Dans un article du 3 Août Le Temps va tenter de comprendre le tracé des nouvelles vois projetées.
Il s'étonne du doublon que formerait la rue Fessart prolongée vers l'actuelle station de métro Bolivar et la future avenue Bolivar.
Les travaux de construction du parc en 1863 |
Le rapport Darcel (1) de 1863
Le baron Hausssmann écrit en 1890 qu'il a voulu faire du parc "un lieu d'attrait pour les populations du XIX e et XX e arrondissements", accréditant l'idée qu'il aurait voulu faire "les Tuileries du peuple". Le rapport préliminaire de 1863 semble indiquer au contraire l'ambition de créer de toute pièce "un quartier de luxe".... Ce parc devant concourir aux embellissements du quartier et étant entouré de voies de luxe sera nécessairement entouré de grilles laissant l’oeil plonger sur la verdure. On a donc en conséquence, disposé le jardin dans toutes les parties ou cela était possible de telle sorte qu'il soit dominé par des Boulevards...
1) Le décret qui déclare d’utilité publique la création d’un parc municipal d’environ dix-sept hectares date de 1863. L’équipe chargée de la réalisation du jardin est composée d’Alphand, Darcel et Barillet -Deschamps pour la partie horticole, tandis que Davioud s’occupe de la partie architectonique. Edouard André est chargé de la conduite des travaux. Ceux-ci commencent en 1864 pour ne s’achever qu’en 1867.
La revue de Paris Novembre 1864
Ou on apprend qu'il faudrait des arcades autour du parc en construction et qu'il faudrait s'occuper des statues.Cette revue était "artistique".
Il n'est plus question que des buttes Saint-Chaumont, mot bizarre qui a le même sens que le mot hébreu Gotgotha ou le mot latin Calvaire. De ce roc pelé, où il n'y avaitqu'une solitude désolante, sans un arbre, sans même un brin d'herbe, de ce Mont chauve, les ingénieurs, les jardiniers, les hydrographes et tes terrassiers sont en train de faire une oasis qui dépassera en beauté celle de la sultane Fatime, la fille chérie du prophète.
Dans dit- huit mois, on verra s'y étendre un parc vert, deux fois grand comme le parc de Monceaux. Les platanes, les marronniers, les mélèzes et tes tilleuls, trop délaissés, y seront plantés par bouquets épais. On y ménagera aussi un lac dans le style de ceux du bois de Boulogne, des cascades et une petite forêt de myrtes. Une copie exacte du temple de la Sibylle de Tivoli y coupera agréablement les tapis de verdure.Tout cela rappellera un peu les magnifiques jardins que Salluste avait donnés au peuple de Rome, après son retour d'Afrique.
Mais si la Revue de Paris parle des travaux exécutés aux buttes Saint-Chaumont, ce n'est point pour s'occuper de l'historien latin ni du temple de la Sibylle, mais pour émettre une idée qu'on ne trouvera peut-être pas déraisonnable. Comment clôturera-t-on la nouvelle promenade, les tuileries du peuple, comme on l'appelle déjà? Par une grille en fer se terminant par des flèches dorées, sans doute. C'est ce qu'il y a partout, c'est ce qu'on faisait autrefois, c'est ce qu'on fait aujourd'hui, c'est ce qu'on fera demain. Mais ne serait-il pas bon d'y joindre une annexe utile, en temps de pluie, pour les enfants, pour les femmes et pour les promeneurs, c'est-à-dire au moins une rangée d'arcades, sinon comme à la place des Vosges, du moins comme à la rue de Rivoli. Et justement celles-ci servent d'abri constant en temps d'orages aux mille bambins blancs et roses qu'une averse soudaine chasse souvent de la Petite-Provence. Au parc de Monceaux, qui n'a rien de ce salutaire entourage, les péripatéticiens aristocratiques du quartier et les jolies miss aux yeux bleu-de-mer qui viennent lire Thomas Moore sous les arbres, s'en retournent parfois trempés jusqu'aux os et enrhumés pour toute une lune. N'est-ce pas un inconvénient à éviter?
Un peu plus tard, torsque les travaux seront plus avancés, nous parlerons des statues qu'il serait peut-être bon d'y poser.
Le parc est ouvert au public le 1er avril 1867, le jour même de l’inauguration de l’Exposition universelle au Champ de Mars, dont il constitue une sorte de prolongement. Le nouveau jardin est décrit comme un Eden artificiel offert à tous les citadins.
" C’est un miracle, les Buttes-Chaumont ont disparu. Cette série de mamelons arides, de croupes désolées, ces monticules sinistres et chenus, éventrés de place en place, ces déserts et tristesses n’existent plus. C’est une métamorphose complète ». Dans ce nouvel espace « tous les agréments, tous les ornements, toutes les surprises », sont concentrés. Rien n’y manque: l’eau, la verdure, des routes et des sentiers praticables. Le principe qui organise la composition du parc est le même que celui choisi pour le Champ de Mars lors de l’Exposition universelle: entrelacer une série d’éléments destinés à être montrés. Mais si au Champ de Mars le monde entier est exposé, en revanche les Buttes-Chaumont se concentrent sur la ville de Paris. Le savoir-faire de ses services municipaux, et notamment les conquêtes technologiques de ses ingénieurs, le récent développement de la science horticole et la nouvelle transformation de la ville trouvent là leur meilleur cadre d’exposition."
Le rapport Darcel de 1867
Les ennuis commencent !
La rue Botzaris ( au dessus du parc) en 1891. On ne peut pas dire que ce soit un "quartier de luxe". |
Il faut refaire tous les bétons de la pièce d'eau, construire des murs imitant le rocher pour maintenir le glissement des argiles. Pour le pont Fessart, on a fait des recherches pour trouver un sol vierge après avoir traversé 30m de remblais. Le mouvement lent du terrain risque de provoquer une nouvelle dislocation. Il faudra remplacer le pont actuel en arc par un pont poutre moins élégant mais mieux calé qui sera commandé aux rétablissements Eiffel. Il faudra élever un mur de soutènement au mamelon des
cèdres ...
cèdres ...
Almanach du magasin pittoresque 1868
Ou on apprend qu'il s'agit du Paradis.Ou on remarque un certain contraste entre le texte et les photos.
L'almanach s'adresse à une clientèle moins choisie que la revue précédente. L’attrait de la nouveauté passé, le parc n'est plus fréquenté par les gens "biens" qui répugnent à s'aventurer dans ce quartier. C'est donc le peuple qui fréquentera ( le dimanche) le parc.
Le temple de Sybille vu des fortifs. Ce parc paradisiaque était cerné d'usines et de terrains vagues. Seul "le populaire" le fréquentera ( le dimanche seulement puisque les autres jours on travaille) |
Il n'y a pas qu'aujourd'hui que les pelouses sont noires de monde, Mais au XIXéme siècle cela ne se produisait qu'une fois par an: le 14 Juillet |
Baedeker 1878
Ce guide de Paris relate les évènements de la Commune aux Buttes Chaumont tels que les voyait l'opinion d'alors.
Paris, ses organes, ses fonctions. Maxime Ducamp 1875
Ou certains ne sont pas d'accord sur l'utilité du parc
L'espèce de jardin prétentieux sous lequel on a caché les anciennes buttes Chaumont peut étonner les amateurs de curiosités aussi médiocres que dispendieuses cela vaut mieux, sans contredit, que les collines lépreuses que l'on voyait autrefois mais. au lieu d'improviser tant de verdure égayée de souvenirs archéologiques, au milieu d'un arrondissement où d'énormes voies de communication et de très nombreux terrains vagues laissent facilement circuler un air toujours renouvelé, n'était-il pas plus humain d'installer un jardinet quelconque, un lieu de repos pour les femmes et les enfants dans le II" arrondissement, qui est le plus encombré, le plus laborieux, le plus chargé d'impôts de Paris?
L'espèce de jardin prétentieux sous lequel on a caché les anciennes buttes Chaumont peut étonner les amateurs de curiosités aussi médiocres que dispendieuses cela vaut mieux, sans contredit, que les collines lépreuses que l'on voyait autrefois mais. au lieu d'improviser tant de verdure égayée de souvenirs archéologiques, au milieu d'un arrondissement où d'énormes voies de communication et de très nombreux terrains vagues laissent facilement circuler un air toujours renouvelé, n'était-il pas plus humain d'installer un jardinet quelconque, un lieu de repos pour les femmes et les enfants dans le II" arrondissement, qui est le plus encombré, le plus laborieux, le plus chargé d'impôts de Paris?
Guide Joanne 1901
Ou on apprend qu'il y avait des barques sur le lac et des statues dans le parc.
Le guide Joanne a été créé par Hachette pour concurrencer le Baedeker.
L'édition 1856 décrivait avec précision les carrières des Buttes; vous pouvez consulter le texte dans l'article "carrières".
Le guide Joanne a été créé par Hachette pour concurrencer le Baedeker.
L'édition 1856 décrivait avec précision les carrières des Buttes; vous pouvez consulter le texte dans l'article "carrières".
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Deux ruisseaux artificiels vont au lac, l'un forme une cascade haute de 32 m , qui tombe dans une belle grotte dont la voute, haute de 20 M, est ornée de stalactites artificielles. En dessus et en arrière de la grotte , la clôture du parc est assurée par une grande balustrade en pierre, d'ou la vue est magnifique.
Plusieurs bronzes ornent le parc: le Sauvetage , par Roland en face de l'entrée principale par la rue Manin; plus loin coté rue Manin , le Gué, par Cam. Lefèvre; L'égalitaire, par Capier, près de l'entrée de la rue Bolivar; au Loup par Hiollin, à coté du pont de briques; Le chasseur d'aigles, par Desca, sur le bord du lac et, près de la grotte , le Pilleur de mer, par Ogé.
Le parc contient de nombreux cafés restaurants, guignols, etc
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