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mercredi 24 octobre 2012

Gaumont et l'histoire du cinéma parlant




Le chronophone et les  phonoscènes


Alice Guy tournant la phonoscène du bal des capulets
dans Roméo et Juliette
Notez le double pavillon de l'amplificateur à air comprimé
Gaumont envoie Alice et Herbert Blaché développer
le chronophone aux Etats Unis 
Dés 1889 Edison s'était intéressé au cinéma sonore sans succès.  En 1898, le Français Auguste Baron avait fait breveter le « Graphonoscope », système de synchronisation entre phonographe et projecteur.

A l'exposition universelle de 1900 on peut entendre et voir Sarah Bernard sur le phonorama et le phono-cinema théatre.

 Dés 1902 Gaumont, partant des principes de Baron,  propose son Chronophone qui lui permet de diffuser des phonoscènes.

A partir de 1906 le son du phonographe est amplifié par un système à air comprimé ce qui permet de sonoriser de grandes salles.
 Le  phonographe a deux plateaux , chaque disque 78 tours  1mm démarrant à tour de rôle

Dans une phonoscène un chanteur doit d'abord enregistrer le son en se tenant à 50 cm du pavillon du phonographe et il mime ensuite devant la caméra: c'est donc du playback.
Le plus souvent l'enregistrement n'est d'ailleurs pas effectué spécialement pour le cinéma mais on utilise des disques du commerce.
Chaque phonoscéne est livré avec 3 disques, pour plus de sécurité, sur lesquels on a collé une étiquette Gaumont, avec les consignes de départ, sur l'étiquette courante.
Alice Guy  tournera plus d'une centaine de phonoscènes de 1902 à 1907.
A cause du prix du chronophone les phonoscénes sont surtout diffusées dans des cinéma "haut de gamme" et peu dans le circuit forain.

Alice Guy épouse Herbert Blaché et part avec lui aux Etats Unis en 1907  pour y développer le chronophone. Plus de 150 phonoscènes seront tournées à Flushing, près de New York, mais leur diffusion s'heurtera à l'opposition de la société d'Edison, la Motion Picture Patents Company.

Les séances de cinéma en 1903 ne proposent pas toujours que des films muets.
Les films  muets ne l'étaient d'ailleurs  pas  puisque  toujours accompagnés au piano, commentés par un bonimenteur, ou  assorti d'un" bruiteur"  avec d'ingénieux appareils capables de produire toutes sortes de bruits, du chant des oiseaux au tir d'un canon.
Les séances  comportent toujours de nombreux films très courts et des attractions. Les films sont des documentaires (1mm) , des fictions courtes ( 5mm) , des phonoscènes (1mm) et des actualités (1mm) qui se contentent alors de défilés de ministres et autres évènements mondains.
Les grands magasins Dufayel propose par exemple en complément "la lumière chantante, dernière découverte présentée avec les appareils de la maison Radiguet"
"Bruiteuse" pour salle de cinéma. Les films muets ne l'étaient pas: il y avait un orchestre, un bonimenteur, une machine... Gaumont ne fut pas le seul à tenter l'expérience du parlant  mais il avait au contraire de ses concurrents de réels moyens industriels. 
Mendel  utilisait un boitier de synchronisation fabriqué par Etienne Mollier sur un brevet d'Henri Joly. Il produisit  plus de 300 titres de films artistiques chantants dans ses studios de Bagnolet. 


Le fonctionnement du chronophone

Ce chapitre est à éviter si vous n'aimez pas la technique.

Le chronophone 1902

Chronophone 1904. Le régulateur placé sur le projecteur
Indique au projectionniste s'il doit ralentir ou accélérer.
La liaison entre le phono et le projecteur est soit
mécanique soit électrique.
Si les deux arbres secondaires tournent à la même vitesse
en sens inverse, la coquille ne bouge pas
et donc l'arbre primaire
Le distributeur commute les sections du moteur.
Un commutateur rotatif auxiliaire permet d'avancer
 ou de reculer l'ordre des sections alimentées

Le phonographe est  entraîné par un moteur à ressort avec un régulateur centrifuge, c'est lui qui va commander la vitesse du projecteur. Le phonographe est d'abord à rouleau puis, vers 1904, à disque.

On se sert d'un différentiel pour comparer la vitesse du projecteur et celle du phonographe.

Le différentiel est le même dispositif que celui qui permet aux roues d'une voiture de tourner à des vitesses différentes en virage mais il est utilisé de façon complètement différente.  Si les deux axes secondaires d'un différentiel tournent en sens inverse à la même vitesse, l'arbre primaire ne bouge pas; si l'un des deux va plus vite, l'arbre primaire tourne dans son sens.

Pour comparer les vitesses du phonographe et du projecteur il suffit donc de transmettre leur mouvement aux deux arbres secondaires d'un différentiel. L''arbre primaire est alors muni d'une aiguille que le projectionniste surveille.

Si le projecteur est manuel ( à manivelle),  le projectionniste adapte son rythme en fonction de l'aiguille.
Si le projecteur est à moteur électrique à courant continu le projectionniste agit sur un rhéostat.

Le couplage entre le différentiel et le phonographe peut être réalisé électriquement.

Dans ce cas on a, solidairement au plateau du cylindre ou du disque, un distributeur muni de 12 plots  qui vont permettre de commuter un courant.  A chaque plot correspond un fil qui alimente une des 6 sections de l'inducteur fixe en anneau de Gramme d'un moteur ( l'induit classique est formé d'une "bobine de Siemens").
On est donc capable de piloter la vitesse d'un moteur électrique à partir du phonographe.
Celui ci  attaque un arbre secondaire du différentiel, l'autre étant entraîné par le mouvement du projecteur.

L'intéret du couplage éléctrique du phonographe au système est que les vibrations de l'appareil de projection ne sont pas transmises au phonographe comme elles le sont dans le cas d'un couplage mécanique.


Le chronophone 1906 

Projecteur 1907  et régulateur .
Le différentiel est visible en dessous du rhéostat
Le sytéme est inchangé quand le projecteur est manuel. Dans le cas ou le projecteur a un moteur éléctrique la vitesse de celui ci est réglé par un rhéostat commandé par l'arbre primaire du différentiel. Le rhéostat peut en outre être ajusté manuellement pour rattrapper un éventuel décalage image/son. Il s'agit donc d'un véritable asservissement assez complexe à régler.

Pathé propose de son coté le Synchrophone Gentilhomme. Le régulateur est constitué de deux mouvements d'horlogerie actionnés par des impulsions électriques venant  respectivement du mouvement du phonographe et du projecteur. S'il y a décalage entre les mouvements un relais se ferme commandant  dans un sens ou dans l'autre un petit moteur électrique lié au rhéostat du projecteur.

Le chronophone 1908

Le changement important concerne l'amplification du son.
Le son est amplifié par un système développé par Laudet qui utilise d'abord un gaz inflammable,  l’amplificateur est alors un chalumeau à acétylène dont le  débit variable est commandé par la vibration de l'aiguille.
Le système utilise ensuite l'air comprimé, ce qui est tout de même moins dangereux.
Détail de l'amplificateur. 
L'aiguille module le passage de l'air
dans les deux conduits qui ménent aux pavillons
en passant au travers de grilles  
L'aiguille module le passage de l'air à l'aide d'une palette dans  deux conduits qui mènent aux pavillons  en passant au travers de grilles.
Dans le catalogue 1908:
  • Chronophone à main 2808 F (160kg)
  • Chronophone à main avec dynamo 3150F (180kg)
  • Chronophone automatique 4250F (290kg)
  • Chronomégaphone automatique 6000F (420kg)
  • Phonographe Elgéphone (à air comprimé) 1000F
  • Phonographe Elgéphone à flamme (6 fois plus puissant) 1750F

Le chronophone 1910  

Chrono 1910 complet.
Le phono est à double plateau, les deux pavillons sont
alimentés simultanément par air comprimé.
Le compresseur est au centre et le "chef d'orchestre"
commandant la synchronistaion au mur .
Les 3 bagues permettent la synchronisation des deux
moteurs à courant continu ( qui tournent
 par conception à des vitesses approximativement égales)
Les moteurs électriques à courant continu du projecteur et du phonographe  comportent 3 bagues qui génèrent un courant triphasé de synchronisation sans couplage mécanique. Pour rattrapper un  éventuel décalage un différentiel est introduit dans la commande du projecteur. Un petit moteur auxiliaire agissant sur le différentiel permet  de ralentir ou d'accélerer le projecteur.
Le disque est muni d'un petit trou avec un plot conducteur pour donner le point de démarrage, celui ci est également marqué sur le film.
L'aiguille du phono en passant sur le plot agit sur un relais qui démarre le projecteur. La commutation des plateaux est automatique.
Il a  existé un super chronophone, installé sur le toit de la cité Elgé des Buttes Chaumont, qui avait un amplificateur à deux étages: le premier à air comprimé et le second utilisant la vapeur de la chaufferie du studio. Ce dispositif s'entendait de la tour Eiffel.

Il existe aussi le système Couade ( proprièté de Pathé) de synchronisation par courant triphasé  et  le système Gibls qui utilise un repère sur les images du film.

Des appareils associant projecteur et phonographe existent aussi dans d'autres pays,  en Allemagne avec Oscar Messter et Ernemann, en Suède avec Duskes, au Japon avec la  Yoshizawa Shoten, en Grande- Bretagne, la Vivaphone Pictures de Cecil Hepworth  et le Cinematophone, et aux Etats Unis avec Dickson et Edison.

Ce chapitre a été établi en suivant les journaux de l'époque ( essentiellement la Nature) et les conférences de Léon Gaumont de 1929. Les informations sont parfois contradictoires. Merci de me signaler les erreurs.     

Dans les années 50 les amateurs de 8mm  souhaitent sonoriser leurs films. Il ne s'agit plus de synchroniser un tourne disque mais un magnétophone avec le projecteur. La première solution "manuelle" fut de munir le magnétophone d'un disque stroboscopique éclairé par le projecteur. Il y eut ensuite de vraies solutions de synchronisation  , d'abord un couplage purement mécanique entre les deux appareils ( synchro Paillard M8, Electro Synchro Polydine), puis un asservissement du projecteur par le magnétophone par détection de la tension de la bande (Eumig P8 Imperial, Cinéric Regent BT).


Le parlant

Enregistrement direct du son en 1910 à la cité Elgé
A gauche le cornet du micro vers 1913
Le 27 Décembre 1910 Gaumont présente à l'académie des sciences deux "vrais" films parlants:
un discours du très sérieux secrétaire de l'académie et le chant d'un coq.
Ceci est possible car les micros sont devenus plus sensibles (electro dynamiques)  et que les chaines d'amplification à lampes commencent à exister.
Le discours, très lyrique,  du secrétaire se terminait par:
Le jour ou le cinéma parlant sera généralisé " point ne sera besoin pour nous de faire nous même nos communications, nous pourrons les faire quoique morts. C'est alors que nous serons véritablement immortels."
Les deux  premiers acteurs du parlant.
Le secrétaire de l'académie des sciences Arséne d'Arsonval,
promoteur de la d'arsonvalisation.( un traitement "médical" par
les courants haute fréquence) montré ici essayant un
de ces appareils.
Le coq, lui au naturel.
Le chant du coq, probablement tourné par Alice Guy, existe toujours mais ... il est muet.

Au Gaumont Palace, début 1913 (l'année des Fantomas, du Collier vivant et de L'enfant de Paris)  on a au programme: cinq ou six fictions, deux phonoscènes de 3mm,  trois documentaires, ainsi que les "célèbres actualités Gaumont".
Les films avec un son enregistré en direct seront nommés "filmparlant" pour les distinguer des phonoscénes. Ils seront projetés dans de rares cinémas de luxe comme le Gaumont Palace à Paris ou le Modern à Marseille.
En Avril 1913 le Gaumont Palace présente un filmparlant de 15mm.: Asile de nuit (1). Au  début 1914 ce sera des comédies militaires avec Bach comme interprète : La rosse, Avec bidasse, La journée du soldat.

774 phonoscénes, puis filmparlants, ont été tournés jusqu'en 1913, mais seulement 20 ensuite et plus aucun dès 1916.

1)"Un irascible directeur d'asile nocturne ( Lucien Cazalis)  après avoir houspillé un miséreux nommé Haps ( Gabriel Signoret) , imagine, d'après certains indices et quelques coïncidences, qu'il a affaire à un astucieux journaliste en quête de copie, et déguisé. Aussi comble-t-il soudain Haps de bienfaits, dans l'espoir d'un article élogieux. Le vagabond, qui n'y comprend rien, suppose que le directeur est complètement ivre et abuse de l'aubaine, au grand scandale d'un clochard qui s'est installé dans l'asile à demeure fixe, malgré les règlements, et n'a obtenu cet avantage que par une lente diplomatie". Alice Guy précise dans sa correspondance qu'elle avait déjà tourné un asile de nuit avant 1907, ce premier asile ne figure pas dans sa filmographie. La pièce originale a été écrite par le directeur du grand guignol, Max Maurey,  en 1904 

Le son sur le film

L'enregistrement direct sur le film va nécessiter plusieurs inventions.
  • une méthode d'exposition de la bande son optique du film
  • une cellule photoélectrique 
  • un amplificateur électronique 
Pour l'exposition on aura soit une lampe à faible inertie ( Duddel, Lee de Forest), soit une lampe fixe et  un filtre d'opacité variable ( généralement une cellule de Kerr dont on fait varier la polarisation), soit un miroir vibrant sur un galvanométre ( Bell). La cellule photoélectrique  a été découverte par Julius Elster et F Geitel en 1893 et on essayera divers matériaux pour se fixer finalement sur le sélénium. La triode, base de tout amplificateur,  est inventée en 1907 par de Forest mais le pick up, association d'un tourne disque et d'un amplificateur  n’apparaît qu'en 1918

Le "cinéphone" lecteur optique du son
Le projecteur GPP (Gaumont, Petersen,
poulsen) 1928. Au projecteur image
est couplé le lecteur son optique "cinéphone"
sur une seconde pellicule.
projecteur idéal-sonore Gaumont
L'idéal sonore. Notez l'espèce de tabouret à l'arrière qui supporte le tourne disque. 
Le 3 Septembre 1930 Costes et Bellonte traversent l'Atlantique à bord du Point d’interrogation
Gaumont en profite pour renouveler sa publicité
Appareil mixte Movietone-Vitaphone.
Notez la platine de tourne disque  40cm 33tours d'une durée de 11mn 
Projecteur nalpas junior
Ce genre de projecteur avec une seule lanterne constituait l'équipement complet d'une petite salle.
Les systèmes d'enregistrement seront de trois types:
  • des traits de largeur variable, 
  • des différences d'opacité ( de densité)  de la pellicule,
  • des différences dans la surface exposée.
Lauste a breveté en Angleterre dés 1907 "un système pour enregistrer simultanément le mouvement et les sons sur la même photographie, les deux enregistrements se trouvant côte à côte".  Ruhmer, en Allemagne travaillait sur le même sujet. Tous  les deux étaient confrontés au problème des vibrations de la caméra et utilisaient des bandes "larges" (68mm pour Lauste) car il est difficile de juxtaposer sur un même film 35mm  image et son , la piste son n'ayant qu'une largeur de 3mm.

Lee de Forest, l'inventeur de la triode , propose en  1923 des phonofilms ou le son est enregistré par différence de densité ( par une lampe à faible inertie) , mais il ne rencontra que peu de succès.
RCA  Western Electric présente le photophone, développé à l'origine par les laboratoires Bell, ou le son est enregistré par différence de surface (par un miroir vibrant)

Dans les années 20, Gaumont s'associe avec les Danois Petersen et Poulsen pour mettre au point la solution du son enregistré directement sur la pellicule. La  solution adoptée est d'avoir un film séparé pour la bande son. Gaumont enregistre la son à l'aide d'un miroir vibrant sur un support séparé ce qui permet d'avoir toute la largeur de pellicule pour le son et de s'affranchir des vibrations de la caméra ( qui par principe avance le film par à coup). Le procédé s'appellera Cinéphone ou GPP (Gaumont-Petersen-Poulsen)(1)

Gaumont essayera  ensuite le film "rationnel" constitué de  deux  bandes collées l'une sur l'autre: l'image et la bande son ( transparente à la lumière ordinaire mais enregistrée dans l'ultraviolet, la lecture se fait grâce à une lampe à vapeur de mercure muni d'un filtre ne laissant passer que l'UV et à une cellule au sélénium ). Ce procédé restera  au stade du laboratoire.

Le système Allemand Triergon  propose lui un film de 45mm afin d'avoir une bande son large

Le chanteur de Jazz de 1927 est considéré comme le premier film parlant mais il est enregistré avec le Vitaphone des fréres Warner : un système sur disque. Le film n'est parlant que durant 1mm 20 s, le temps d'un monologue et d'une chanson. Ce film avait d'ailleurs été précédé par un  Don Juan qui eut  aussi un grand succès un an auparavant.
Gaumont proposera au Cameo en 1928 un programme comportant une allocution introductive , diverses auditions musicales, un défilé de la musique de la garde Danoise et un film dramatique  l'eau du Nil, tourné muet mais ou on avait rajouté le bruitage, des cris et un accompagnement musical de l'orchestre du Gaumont Palace enregistré grâce au procédé double film  GPP.

La Fox développe un système sonore semblable à celui de de Forest, le Movietone, qui va devenir un des deux standards du film parlant avec le système RCA  photophone.
En lecture les deux systèmes sont à peu près compatibles et vont dominer le marché.
La Warner va se convertir au photophone mais gardera une certaine suprématie car elle est la seule à disposer d'un stock de films parlants.


Le 27 Janvier 1930 Gaumont présente au théâtre des Champs Elysées "l'idéal sonore" projecteur adaptable à tous les systèmes sonores (Gaumont, RCA, Movietone, Tobis,  et les procédés à disques: Vitaphone, L. N. A., etc. ) (2)
La publicité proclame : " Le cinéma est devenu une nécessité pour les sociétés modernes. de même le cinéma parlant s'est imposé. Chaque jour marque pour lui une nouvelle victoire. Bientôt toute la production mondiale sera sonore et parlante. Gaumont vous donne la possibilité de transformer vos salles, de les mettre au niveau d'un progrès auquel on ne peut résister... N'attendez pas, ne vous laissez pas devancer, le sort de votre exploitation en dépend. Vous devez acquérir l'appareil sonore idéal.
Directeurs ! Favoriser l'industrie Française est plus qu'un devoir: c'est votre intérêt. "
(Cette dernière phrase est due à la concurrence des appareils américains, Western Electric et RCA,  et allemands de Tobis-Klang films)

Début 1930 il existe  dix-neuf projecteurs sonores  concurrents (3). Au mois de mai 1930 la revue La cinématographie Française précise que 181 salles sont équipées pour le parlant, dont 53 par l'Idéal Sonore et 25 par le Radio-Cinéma.

Léon Gaumont perd le contrôle de sa compagnie la même année au profit de la nouvelle GFFA (Gaumont franco-film Aubert).

"Le théâtre a eu à souffrir de la concurrence du cinéma parlé. Celui-ci a connu, cet hiver, une grande vogue. On a vu des films, comme le Roi des Resquilleurs et l'Ange bleu, tenir l'écran tout l'hiver. Il résulte de tout ceci que quelques théâtres vont disparaître ou ont disparu : le théâtre Edouard VII, la Scala, Marigny sont, après le Moulin Rouge et l'Olympia,  devenus des cinémas." ( Lectures pour tous, sept 31)

Le Gaumont Palace et le REX  vont devenir  les nouvelles grandes salles du sonore.

1) Un système à 2 bandes va réapparaître pour le 16mm et  le super 16 ( film 16mm perforé d'un seul coté sans piste son)
Debrie double bande
Le 16mm sera utilisé par la "nouvelle vague" et par la télévision . Les reportages des années  60 sont filmés par la caméra éclair NPR 16mm, silencieuse, à moteur contrôlé par quartz, synchronisée avec un magnétophone utilisant de la bande magnétique perforée. Les télécinémas déroulent donc deux bandes 16mm  synchronisées, l'une cinéma pour l'image, l'autre magnétique pour le son. 
2) la norme absolue va devenir le 24 images par seconde avec un décalage de 20 images (80 perforations) entre le son et  l'image à la projection et 22 au tirage. Cette différence est due à la vitesse du son entraînant un décalage perceptible dans une salle de cinéma.
Rappelons d'ailleurs que la projection réelle se fait à 48 images par seconde ( l'obturateur passe entre deux images mais aussi au milieu d'une image). En effet au cinéma l'absence de scintillement n'est pas du à la persistance rétinienne mais à l'effet Beta  qui fait que le cerveau intègre de lui même des images successives.
L'absence de scintillement et la perception de fluidité du mouvement sont deux notions différentes.
L''apparition des projecteurs numériques, la télé HD et la 3D remettent aujourd'hui en cause le sacro saint rythme de 24 images/secondes. Par exemple le film Avatar a été tourné réellement à 48 images/seconde. 
3) 8 sur film et disque, 10 sur disque et un sur film uniquement. les marques sont: Gaumont, Radio-Cinéma, Nalpas LNA (fabrication Continsouza ?), Melovox, Sonor-film, Synchronista, Synchrophone, Survox, Etoile sonore.
Le cinéma sonore dans  "Lecture pour tous" en  Février 1925 !
Tout est presque exact à part le lecteur de son qui est au dessus de l'objectif et la piste son qui est à gauche alors qu'elle sera à droite 

Le projecteur du Gaumont Palace en 1929 mixte disque/son sur pellicule.
A droite détail du lecteur sonore. La lampe est en  en E et la cellule photoélectrique en F avec en G l'amplificateur 
Références

  • La nature. Le chronophone. Mareschal 1903,1907, 1910
  • Les nouveautés Photographiques 1911-1912 Frédéric Dillaye 
  • La presse ( rubrique des théâtres )
  • Le correspondant 1929 
  • Cinématographie Française. Conférence de Léon Gaumont  février 1929
  • Bulletin de la socièté d'encouragement pour l'industrie nationale. Conférence de Léon Gaumont mai 1929
  • La Science Moderne. Conférence de Léon Gaumont septembre 1929
  • La Science et la Vie. Le film parlant mars 1930
  • Cahiers de la cinémathèque. La maison Gaumont à 100 ans 1995  
  • Le chronophone. Audio INA  (avec la bande audio du coq )
  • Histoire du son au cinéma
  • Lauste, père du film sonore  Hastings et Crawford. 1930
  • Description des procédés sonores Recherches et Inventions Aout 1933 p226 
  • Le cinétophonographe Edison. Les nouveautés photographiques 1895  p154
  • La foi et les montagnes. Henri Fescourt. 1959.  Les souvenirs de ce réalisateur décrivent avec un accent vécu les premières années des talkies: les idées de l'époque,  la résistance du disque, les plans de 15mm correspondants à un disque ( difficile si on dispose de caméras avec des bobines de 120m  ( soit moins de 5mm de prise )!) , les difficultés techniques innombrables , la nécessité pour un réalisateur de fournir chaque jour 135 m de négatifs "bons"..
  • Vente en 2015 d'un chronomégaphone 1910 ayant servi en Amérique du Sud. Le matériel est dans ses caisses de transport d'origine. .. 

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