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lundi 1 octobre 2012

Les sociétés Gaumont


Le début de l'histoire professionnelle de Gaumont est liée à celles de deux industriels du quartier des Buttes Chaumont: Les Richard.
Le plus célèbre d'entre eux est Jules qui fondera avec son frère, Félix-Max,  une entreprise de mécanique et d'optique . Il construit dans ses ateliers de la rue Mélingue le "Vérascope", appareil photo stéréoscopique (accessoirement il   fondera aussi  le lycée technique"Jules Richard" qui existe toujours).
Jules et son frère se séparent. Félix-Max signe une convention lui interdisant "la vente ou la fabrication de tout appareil similaire ". Félix-Max s'empresse d'acheter le comptoir général de photographie ( situé rue St Roch)  et de vendre la "photo-jumelle" de J Carpentier, concurrençant ainsi directement son frère.
Jules fait un procès et Félix-Max se voit contraint de vendre son entreprise. Il la propose a un de ses employés: Léon Gaumont.
Léon réunit la somme nécessaire grâce à Gustave Eiffel et à deux autres actionnaires: c'est une société en commandite.
La socièté prend une rapide expansion et dès  1898 il existe une filiale en Angleterre dirigée par A Bromhead.

Gaumont s'intéresse surtout à la technique et au reportage et il laisse la production de fictions à sa secrétaire Alice Guy.

En 1906, la société des établissements Gaumont (SEG) au capital de 2500 000 F fut constituée avec Léon Gaumont comme président. La banque suisse et française, une des ancêtres du CCF,  en est le principal actionnaire.(1)

Gaumont développe la production de courts films "parlants" grâce à un phonographe synchronisé au projecteur : Le Chronophone.   La tentative de conquête des Etats Unis par le Chronophone  se traduit par l'envoi d'Alice Guy et de son mari Herbert Blaché à New York en 1907. 
En 1907 Pathé cesse la vente de films et lui substitue la location au grand scandale des forains (2). Gaumont lui emboîte le pas dès 1908, peut être parce que "La Gaumont trop occupée à lancer son Chronophone en Amérique, néglige un peu ses affaires parisiennes" (3)
Malgré la construction d'un studio "sonore" à Flushing, près de New York, le Chronophone se heurtera à l'hostilité des américains. Gaumont sera exclu du "trust" de distribution, la Motion Pictures Patents Company, en 1909 et ne pourra continuer à distribuer ses films aux USA que par le canal de G Kleine. Alice Guy et son mari formeront une société indépendante, la Solax, en 1912.

En 1910 la société se lance dans l'exploitation de salles. Le Gaumont Palace de 3400 places est ouvert en 1911 

A la veille de la guerre la SEG a des succursales en province et dans 14 pays.  Le comptoir général de photographie avait en 1895 14 employés  et 900 000 F de chiffre d'affaires, la SEG emploie en 1912 1360 personnes avec un chiffre d'affaires de 17 millions.


Durant la guerre la production de films est presque en sommeil, la production de matériel se reconvertit dans les appareils pour l'armée ( radios, photos aériennes).

Au sortir de la guerre c'en est fini de la suprématie du film français. L'Amérique inonde le marché de ses productions. 

Gaumont fait plusieurs voyages aux Etats Unis et il conclu qu'il ne peut rivaliser que sur le plan de la technique. 
En 1925, Gaumont, toujours à la recherche de capitaux s’associe avec la Goldwyn-Mayer. Une société mixte est créée, la Gaumont-Metro-Goldwyn (GMG).
Une partie des salles Gaumont est donnée en Gérance à la MGM , Gaumont  semble donc se réorienter vers la construction d'appareils.
La CMG est dissoute  en 1929.
Cette même année ce sera la sortie de l'Ideal Sonore, projecteur sonore universel , annoncé à grand renfort de publicité. Pour sa production Gaumont acquiert les établissements de mécanique Continsouza. Cette entreprise est hélas très endettée et son acquisition a été quasi  imposée par l'état par l'intermédiaire de la Banque Nationale de Crédit ( BNC).
En août 1929 la société Louis Aubert prend le contrôle de la franco film et passe des accords avec la société Radio-cinéma, filiale de la compagnie Générale de TSF ( future CSF)  qui va fabriquer des projecteurs sonores.
Léon Gaumont va être victime d'un raid financier mené par la Aubert Franco film qui va participer à l'augmentation de capital de la SEG et en prendre le contrôle sous la présidence d'Edgar Costil (4)
Le 12 Février 1930, sous les auspices de la BNC, se créée la Gaumont franco film Aubert dont Léon Gaumont n'est plus que le président d'honneur.
C'est une véritable major à la Française qui naît.
Elle dispose de 3 studios (La Villette ( cité elgé), St Maurice, Nice), deux laboratoires ( Cité Elgé et Nice) et deux usines ( cité Elgé, Continsouza rue des Pyrénées) des salles de cinéma ( 21 salles à paris dont le Gaumont Palace, 23 salles en province), un réseau de filiales ( Barcelone, Berlin, Vienne, Budapest, Prague, Milan,...), un gros catalogue de films muets et sonores ( catalogues Gaumont, franco-film, Aubert et SGF) et deux types de projecteurs sonores: Radio-cinéma et Gaumont Idéal Sonore. 
Les studios de St Maurice sont loués à la Paramount et Gaumont British est vendue à la Fox presque immédiatement.
GFFA conclu un accord avec Tobis-Klang-film sur l'interchangeabilité des matériels et la répartition des marchés, elle  veut aussi racheter "Radio-Cinéma".
La production de matériels et la distribution de films  ne vont pas aussi bien qu'on le pensait et dès 1931 il faut vendre les usines, puis les filiales à l'étranger.
Il n'est plus question de racheter "Radio-cinéma" qui au contraire prend le contrôle des studios des Buttes Chaumont. 
Des opérations un peu trop ambitieuses de création ou de rénovation de salles  comme celle  du Gaumont Palace, les dettes  et la crise économique  amènent à la liquidation en 1934 ( Pathé sera dans la même situation en 1936).
La BNC tire un trait sur la majeure partie de ses créances et en 1938 se créa la société nouvelle des établissements Gaumont sous la coupe d'Havas, le nouveau géant des médias de l'époque. 
Léon Gaumont mourut en 1946.  

1) fini le temps des artisans comme Mélies: il faut des appuis bancaires. Pathé est soutenu par le Crédit Lyonnais. En 1910 Pathé porte son capital de 5 à 10 Millions et réalise un chiffre d'affaires de 40 millions.

2) Un exploitant d'une salle fixe ne peut programmer longtemps un film et a donc du mal à amortir le coût d'un film acheté, au contraire un forain, qui va de place en place, peut utiliser le même film durant très une longue période.
3) Revue le Cinéma 1908
4) Edgar Costil fut directeur du Gaumont palace, puis du comptoir de Ciné-location Gaumont. Il prend ensuite la tête de la Franco-film, fusionne avec Aubert et enfin avec Gaumont.

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