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vendredi 18 janvier 2013

La maison des syndicats et le siège du PCF

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 La Maison des syndicats de L'Avenue Mathurin Moreau

L'annexe de la maison des syndicats en 1926
au 8 Avenue Mathurin Moreau ( Gallica)
Le 8-10 Avenue Mathurin Moreau était l'annexe de la "maison des syndicats" (elle même située 33 rue de la Grange-aux-belles). 

En 1906 naît une « société immobilière de commandite par actions » qui aura pour actionnaires, sept ans plus tard, les syndicats de la Seine. La Maison des Fédérations, devenue Maison des Syndicats, acquiert le 33  rue de la Grange-aux-Belles et le 8 avenue Mathurin-Moreau.
Avenue Mathurin Moreau était le  siège de la CGTU,  il y avait  la salle de réunion de "l'avenir social" et le pavillon des soviets ( ex pavillon soviétique de l'exposition des arts décoratifs de 1925 déplacé des bords de la Seine).
Il s'y déroula en 1931 une exposition anti-colonialiste en réponse à l'exposition coloniale officielle du bois de Vincennes. 
C'est aussi là que se situait le secours rouge, le Comité National pour la défense du peuple espagnol,  là ou Barbusse fonda son université populaire, là ou le futur groupe Octobre répéta en 1932 "Vive la presse".

Pour saisir l'ambiance du lieu je vous propose de lire ce qu'en écrit Paul Nizan en 1938 ( avec quelques commentaires explicatifs) 
1er mai 1925. la garde républicaine devant la maison des syndicats (Gallica)
L'expo anti-coloniale de 1931 à la maison des syndicats
"De la place du Combat (1) partent la rue Velpeau (2), l'avenue Mathurin-Moreau, la rue de Meaux, la rue Louis-Blanc et la rue de la Grange-aux-Belles ; c'est une étoile de rue coléreuses, malgré l'oasis proche des Buttes-Chaumont et la descente pacifique entre des chantiers de camionneurs et de murs d'hôpital vers les plans d'eau du canal Saint-Martin. Comme il y a presque toujours des réunions syndicales avenue Mathurin-Moreau en haut des escaliers du n°8 et au fond de l'impasse du 33 de la rue de la Grange-aux-Belles(3) et qu'on est aux confins des quartiers les plus ardents de Paris depuis les coups de fusil et les cris de la Commune, on y trouve des paquets bleus d'agents à la sortie du métro Combat, devant les grilles de la Bellevilloise (5) et à la petite porte de Saint-Louis (4), où ils ont l'air de guetter la sortie clandestine des morts : c'est un territoire triste mais exaltant pour tout homme qui peut entrer librement dans l'impasse de la Grange-aux-Belles et monter les marches de ciment (6) de l'avenue Mathurin-Moreau". 

1) l'actuelle place du colonel Fabien
2) la rue velpeau est dans le 6eme. Nizan veut surement parler de l'avenue Claude Vellefaux. Il est étrange qu'aucun correcteur n'ait jamais rectifié.
3) adresse de  la "maison des syndicats" dont le 8-10 avenue Mathurin Moreau est l'annexe
4) C'est une coopérative  qui compta jusqu'à 10 000 sociétaires. Elle possédera, entre autres, une annexe 4 place du combat sur le terrain de l'annexe de la  maison des syndicats. Son siège était 17 à 25 rue Boyer.
5) La porte du coté de l’ancienne morgue de l’hôpital St Louis  en face de de la maison des syndicats de la Grange aux Belles

6) le terrain est actuellement presque au niveau de l'avenue mais à l'époque il était en forte pente,  amorce de la Butte Bergeyre 

Le local de la  Grange-aux-Belles fut vendu en 1989 pour laisser place à des immeubles, celui de l'avenue Mathurin Moreau fut cédé au PCF pour y construire son siège dans les années 60.

Le siège du parti, place du colonel Fabien

Le siège du PCF en 2010 au 8 Avenue Mathurin Moreau 
La salle des conférences
Aujourd'hui au  8 Avenue Mathurin Moreau- 2 place du colonel Fabien s'élève le siège du PCF, bâtiment  plus célèbre par son architecture que par les évènements révolutionnaires qui s'y déroulèrent (  la signature du programme commun  qui s'y déroula en 1972 peut elle être considérée comme révolutionnaire ? ).

En 1965 Oscar Nimeyer est contraint de quitter le Brésil pour l’Europe à la suite d'un coup d'état militaire. Il conçoit bénévolement le nouveau siège   de PCF qui  sera inauguré en 1980 par Georges Marchais.
Ce bâtiment a remplacé celui de la place Kossuth (carrefour de Chateaudun) car le  PCF souhaitait voir son siège installé dans un quartier populaire de l'Est parisien en un lieu déjà chargé d'histoire. Oscar Nimeyer finalisa le  projet en 1968 avec Georges Gosnat, député d'Ivry et trésorier du PC ( mais certainement pas passionné d'architecture).

Le chantier  fut retardé par une vieille dame qui refusait obstinément de vendre son immeuble du Boulevard de la Villette.
Il y eut donc deux tranches de travaux: le bâtiment proprement dit, puis la salle de conférence souterraine ( le dôme).
Le bâtiment occupe un terrain triangulaire légèrement en pente  dont la pointe aboutit sur la place.

Il existe d'excellentes descriptions  architecturales sur le Net.

La  maison des syndicats, que ce bâtiment remplace, était un lieu ouvert: elle accueillait des permanences, des meetings des écoles, des expositions, une coopérative...
Le siège du PCF fut un lieu fermé, réservé aux cadres du parti: l'unique entrée ouverte  était gardée et il fallait montrer patte blanche,  la très belle salle de réunion est petite, a un décor fragile et des aménagements prévus pour un petit nombre de participants, il y a un espace d'exposition mais il a été le plus souvent utilisé comme "salle des pas perdus".
Il fut conçu au moment ou le PCF revendiquait 500 000 adhérents, obtenait des scores supérieurs à 20% dans les élections et avait le soutien de l'URSS ( par l'intermédiaire ordinaire de la Banque Commerciale pour l'Europe du Nord
La chute du PCF entraîne la location progressive de ce siège trop grand, mouvement qui commença en 2000 avec un défilé Prada très commenté.
Les deux premiers sièges du parti avant  "Fabien" et le siège de L'Huma
  •  Celui de 1920, le "120" rue Lafayette .  La photo est d'Avril 36. "C'est rue Lafayette au 120, qu'à l'assaut des patrons résiste, le  vaillant parti communiste, qui défend ton père et ton pain." ( Aragon ). Il devint ensuite siège de la fédération de Paris, puis fut loué en 2010. 
  • Le "44" rue le Peletier, carrefour Chateaudun, acquis en 1937. La  photo le représente au décès de Staline. Il fut le siège de la milice durant l'occupation  
  • Avant la guerre c'était Paris soir, après la guerre le 37 rue du Louvre  devint le siège de l'Huma. Le journal déménage ensuite en face du Rex,  puis à St Denis  dans un immeuble conçu par Oscar Nimeyer , puis aujourd'hui près du stade de France.




Sites et références

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