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lundi 11 mars 2013

Le gibet de Montfaucon

Le gibet était situé près de la place du Colonel Fabien . Il fut détruit au XVIII éme siècle et transféré près du marché Secretan, mais ce fut alors simplement le lieu ou l'on enterrait les condamnés. Ce second gibet fut détruit à la révolution et le lieu devint la voirie de Montfaucon, là ou  le contenu de toutes les  fosses de Paris était déposé.

Supplice des diciples d'Amaury de Chartres par  Jean Fouquet.
Exécution en présence de Philippe Auguste avec Montfaucon, le Temple et la Bastille  en arrière plan
Martyre de Sainte Catherine d'Alexandrie par Jean Fouquet.
Condamnée à être déchiquetée, un ange détruit la machine.
La scène se situe à Alexandrie mais Fouquet utilise comme fond Montfaucon et le Temple
L'exécution d'Enguerrand de Marigny dans l'histoire de France de Guizot par Neuville 
Les Filles Dieu, couvent "des filles repenties et tombées  en mendicité", offraient l'eau bénite, trois morceaux de pain et un verre de vin aux condamnés.
Plan Vassalieu en 1609, Montfaucon à gauche. Paris est  dans le coin supérieur droit. Au centre l’hôpital des pestiférés ( St Louis).
L'orientation des plans anciens est t'elle que la façade des églises, à l'Ouest, soit visible.
Le gibet en version 3 étages ( Viollet le Duc) , 2 étages et 1 étage. La description du gibet ne précisant pas le nombre d'étages ( et le gibet ayant évolué à travers les ages) chacun peut choisir.
 La croix est un don du peu recommandable  Pierre de Craon. qui obtint aussi que l'on accorda un confesseur aux condamnés 
Montfaucon ne fut pas, loin s'en faut, le seul gibet de Paris. Il y avait Saint Denis du pas, Montmartre, la croix de Tyrol,  St Germain, place du parvis, de grève, St Landry, St Martin des Champs ...plus d'une dizaine d'endroits ou l'on pendait, brûlait, bouillait, découpait...
Ces lieux était l'expression de la haute justice d'institutions religieuses ou civiles mais Montfaucon était le symbole de la  justice royale.

Il exista probablement un gibet au XIIéme siècle qu'Enguerrand de Marigny - premier ministre, chambellan, surintendant des finances, conseiller de Philippe le Bel - fit réparer ou agrandir.
A la mort de Philippe, le comte de Valois demanda des comptes à Marigny qui eut un  procès pour la forme.
"au moment où il se levait pour répondre aux quarante chefs d’accusation produits contre lui, il fut chargé de chaînes, et immédiatement conduit au gibet de Montfaucon, où il fut pendu. ... comme maître du logis, il eut l'honneur d'être mis au haut bout, par-dessus tous les autres voleurs ! » 


Ceux qui firent réparer le gibet y furent ensuite pendus  - Pierre de Brosse en 1278, puis Enguerand en 1315, Pierre Remy en  1328 -


Beaucoup de ceux qui étaient exposés à Montfaucon - avec interdiction absolue de les dépouiller de leurs habits - avaient été pendus ou exécutés ailleurs.
Les femmes furent rarement pendues - peut être pour que l'on ne regarda pas sous leurs jupes - mais étaient brûlées ou enterrées vives. En 1440, Jeannette la bonne Valette et trois autres femmes subirent ce châtiment "pour leurs démérites et furent enfouies dans une fosse de sept pieds de long."

A côté de ces usages barbares , le moyen age avait certaines délicatesses.
" lorsqu'un condamné était conduit à Montfaucon, le sinistre cortège devait passer devant le couvent des Filles-Dieu, dont la fondation s'élevait isolément à l'emplacement qu'occupe aujourd'hui le passage du Caire, Arrivé à la porte du monastère, on faisait descendre le patient du tombereau, et toutes les religieuses, la supérieure en tête, venaient le recevoir, un cierge allumé à la main. Il était conduit de la sorte devant un grand Christ appendu extérieurement au chevet de l'église, et on le lui faisait baiser, tout en l'aspergeant d'eau bénite. Alors, le criminel, assis sur un banc, recevait des mains de l'abbesse trois morceaux de pain et un verre de vin. Cela s'appelait le repas du patient. Une fois, un pauvre malheureux condamné à être pendu à Montfaucon, ayant reçu de la supérieure l'offrande habituelle, avala son vin, et mit soigneusement les morceaux de pain dans sa poche. Quand la marche funèbre eut repris son cours, le confesseur, qui avait remarqué cette bizarre prévoyance, lui demanda à quel usage il destinait le pain dont il avait fait réserve. — Je suppose, mon révérend, répondit tranquillement le pauvre hère, que les bonnes sieurs me l'ont donné pour que je le mange en paradis, car je ne vois pas ce que j'en pourrais faire en ce monde, puisque je n'ai pas faim et que je vais mourir."

En 1527 on y pendit  Jacques de Samblançay, baron de Beaune, surintendant des finances sous Charles VIII, Louis XII et François Ier. Par exception c'était un homme honnête et c'est parce qu'il remboursa une dette de la couronne  qu'il fut condamné. La foule qui l'accompagna était persuadée de son innocence et Marot écrivit:
 Lorsque Maillard, juge d'enfer,
 menait à Montfaucon Samblançay l’âme tendre,
 Lequel des deux à votre sens tenait meilleur maintien?
Pour le  vous  faire entendre,
Maillard semblait homme que mort va prendre;
Et Samblançay fut si ferme vieillard
Que l'on eût dit au vrai qu'il menait pendre
A Montfaucon le lieutenant Maillard.

Le 28 août 1572 Catherine de Médicis, Charles IX et la cour firent visite au cadavre de l'amiral Coligny pendu par les pieds au gibet (car le cadavre n'avait plus de tête).
Comme on engageait le roi à ne pas s'attarder dans la puanteur des lieux, il répondit:
 "Allons donc, messieurs,  est-ce que le cadavre d'un ennemi ne sent pas toujours bon? Toutefois  il n'est si agréable compagnie qu'on ne quitte".  "Salut, noble Gaspard"
et le roi et les gentilshommes mirent chapeau bas et s'en retournèrent satisfaits.

La dernière exécution eut lieu en 1629, le gibet fut détruit en 1760 et reconstruit près de l'actuel marché Secrétan comme sépultures des condamnés de la place de gréve.
La révolution détruisit le gibet symbolique mais pas la voirie qui devint le lieu de dépôt de toutes les fosses d'aisance de la capitale.
Mais ceci est une autre histoire contée dans l'article sur la voirie de Montfaucon.

Description du gibet 

Selon Piganiol de la Force, Montfaucon tire son nom "d'un seigneur appelé Faucon ou Falco, qui occupait une habitation considérable au sommet de la butte."
Le lieu fut en 885 celui de la bataille de Montfaucon, gagnée par le comte Eudes sur les envahisseurs Normands.
Le gibet, du type fourches patibulaires,  était situé sur une éminence à l'Ouest de la route de Meaux ( actuelle rue de la Grange aux belles) à un peu avant  la place du colonel Fabien.
"Sa construction, fort rudimentaire, se composait d'une masse de pierres brutes, cimentées en maçonnerie, et formant un carré long surmonté d'une plate-forme. On y montait par une large rampe en pierre dont une solide porte revêtue de fer fermait l'entrée. Sur trois faces du carré s'élevaient seize piliers en pierre de taille, d'une hauteur de trente-trois pieds, reliés entre eux par des poutres de bois auxquelles étaient fixées des chaînés de fer destinées à pendre les condamnés. C'est à ces gibets, appelés aussi fourches patibulaires, que l'on exposait les cadavres des suppliciés, soit qu'ils eussent été exécutés là ou ailleurs. De longues échelles étalent dressées perpétuellement le long des colonnes, et au centre de la plate-forme s'ouvrait une cave servant de charnier. Il y eut des époques ou plus de soixante corps se balancèrent à la fois au gibet de Montfaucon. Les chiens et les corbeaux, attirés par une proie assurée, hantaient sans cesse cet affreux endroit, d'où s'exhalaient des miasmes pestilentiels. "

Les exécutions célèbres 

1278 : Pierre de Brosse, grand chambellan de Philippe le Hardi 
30 avril 1315 : Enguerrand de Marigny, ancien trésorier de Philippe le Bel 
1322 : Gérard de la Guette, surintendant des Finances de Louis X le Hutin 
1328 : Pierre de Rémy, seigneur de Montigny, surintendant des Finances de Louis le Hutiin et Charles IV le Bel 
1378 : Jacques de Rue, chambellan et  Pierre du Tertre, secrétaire de Charles II de Navarre.
1409 : Jean de Montagu, surintendant des Finances de Charles VI 
21 mai 1484 : Olivier Le Daim, confident du roi Louis XI 
1527 : Jacques de Beaune, baron de Semblançay, surintendant des Finances de François Ier 
1572 : Le corps de Gaspard de Châtillon, comte de Coligny, amiral de France, tué au cours de la Saint-Barthélemy et privé de sa tête est pendu par les pieds au gibet.

Sites et références


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