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jeudi 16 avril 2020

Les montagnes russes de Belleville

A la barrière de Couronnes   s’élevèrent brièvement sous la Restauration les montagnes russes de Belleville.
Les montagnes russes, ces  ancêtres de nos modernes "coasters", virent le jour à Paris à cause des troupes russes qui occupèrent la capitale en 1815

Autre vue champêtre des montagnes russes de Belleville.
Leur position hors barrières rend le vin  et les victuailles moins chers. Les montagnes n'étaient pas la seule attraction. Le programme du 2 septembre 1819 annonce:
grande fête extraordinaire, bal , course en char, jeux de toute espèce, l'Hercule Lyonnais, grand feu d'artifice

Caricature des montagnes de Belleville.
Il s'agit des montagnes de Tivoli remontées à Belleville.
Notez les lampadaires qui permettaient une utilisation de nuit.
Le guidage des roues est assez primitif : deux poutres rainurées dans lesquelles glissent l'axe des roues.
L'évolution sera de mettre des roulettes de guidage latérales et  en dessous du rail pour empêcher tout "décollage" des chariots
Premier guidage des chariots: les roues roulent dans des rainures.
Il y  avait des accidents, par exemple le  1er juillet 1818, au jardin Beaujon, M Dufrène  et sa fille trouvèrent la mort
Pour monter les clients au sommet, les montagnes Egyptiennes de Beaujon avait un ascenseur mu par un cabestan tourné par des hommes.  En ce temps là le "parachute" des ascenseurs n'existait pas et la montée pouvait s'avérer aussi périlleuse que la descente.
Le saut du Niagara du jardin Ruggieri était aussi une montagne russe dangereuse car l'élévation de la nacelle s'effectuait par une grande bascule. Lorsque celle ci avait atteint sont point haut on lâchait la nacelle. 
Plan des Montagnes russes  de Belleville vers 1830.entre la barrière de Belleville et la barrière des Couronnes.
La rue des Montagnes deviendra la rue Bisson
En haut la rue de Paris (rue de Belleville) et son théâtre, en bas la rue des Couronnes. 
"Les moscovites, aux approches de l'hiver, construisent, dans la plupart de leurs villes, des échafaudages élevés, contre lesquels ils pratiquent d'un coté un escalier pour les gravir, et de l'autre une pente rapide pour s'élancer dans un traîneau à roulettes ... c'est ce plaisir des russes qui a été importé à Paris en 1816"   écrit  en 1830 Claude Ruggieri, grand spécialiste es fêtes et feux d'artifice.
En Russie ce sont  depuis  longtemps des échafaudages de bois temporaires et des nacelles en osier qui glissent sur la couche de glace. Catherine II fait construire des montagnes russes permanentes dans son jardin d'Orianenbaum.
A la fin du XVIII e siècle on tente une adaptation au climat français avec des chariots  glissants sur une piste de bois cirée. On munit vers 1804 les chariots de roues mais les déraillements sont fréquents. Le vrai succès des montagnes russes ne viendra qu'après la défaite de Napoléon et l'occupation de Paris par les troupes russes en 1815 et 1816.

MM Julien, Populus et Durosay, associés de la "société des montagnes russes", firent construire les premières grandes  montagnes russes sur la plaine des Sablons.et " le public s'y porta avec empressement et même avec fureur".
On voit alors apparaître "les montagnes françaises" et "les montagnes  égyptiennes du jardin du Delta"
Devant le  succès des Sablons, la même entreprise fit construire sur les pentes de Belleville "les montagnes les plus extraordinaires" de Paris. Celles ci " avaient 5 coulisses ou chemins de char, c'est à dire que l'on pouvait faire descendre 5 personnes à la fois car les chars de ces montagnes ne contenaient qu'une seule personne".
La vraie nouveauté était que les chariots étaient munis de roues guidées (up stop wheel)
Ces montagnes  se situaient dans le rectangle délimité par le boulevard de Belleville, la rue de PaliKao, la rue Picabia et la rue Bisson
En 1818 le duc de Berry vient à Belleville, à cette date il existe sept montagnes russes à Paris
Rugggieri donnera à Belleville  des feux d’artifice de 1818 à 1822.
Les montagnes russes  se multiplient mais pas les amateurs et la vogue passe.
Les montagnes des Sablons  ferment, il en est de même peu après des montagnes françaises, du Niagara, des égyptiennes, des lilliputiennes et enfin en 1822 des montagnes de Belleville.
Les montagnes sont démontées et vendues.
Il restait les montagnes de Tivoli qui périclitent elles aussi.
En 1825 un entrepreneur parie sur un regain de succès de cette attraction, il rachète  la montagne  du grand Tivoli et la réinstalle à Belleville. Ce sont des montagnes à seulement  3 chemins.
Les montagnes de Belleville ne subsisteront pas longtemps; il ne reste à Paris à la fin de la Restauration que les montagnes Suisses  du jardin de la Grande Chaumière sur la rive gauche.qui fermeront en 1853.
Les montagnes russes étaient une attraction coûteuse:  on ne pouvait descendre qu'à 3 ou 5 au maximum simultanément  et il fallait ensuite attendre que les wagonnets soient remontés manuellement. L'arrivée du moteur électrique permettant de propulser automatiquement les wagonnets les ressusciteront. Par exemple en 1909 s'ouvre à Luna Park un scenic railway de 2km. 

Sites et références

  • Précis historique sur les fêtes. Claude Ruggieri 1830
  • Folies, Tivolis, attractions. Langlois 1980 
  • Coasters world

Les montagnes Suisses.
Les dernières à subsister à la fin de la Restauration.
Les montagnes russes intentèrent un procès pour concurrence déloyale qui inspira un vaudeville de Scribe et Dupin: "le combat des montagnes"

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