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La barrière St Louis. Un dôme encadré de deux portes: combat et boyauderie. Le nom de barrière du combat s'imposera ensuite. C'est aujourd'hui la place du colonel Fabien. |
On y donne "un spectacle sanglant des plus terribles jeux de l'amphithéâtre, point fait pour nos mœurs en France, les combats de taureaux, que donnaient dans les provinces des bateleurs ambulants, sont devenus excessivement rares, et le spectacle qu'on donne à Paris, sous ce nom, est aussi loin de celui d'Espagne, que celui ci l'est des jeux romains. Ici la plus basse classe seule le fréquente. Un taureau, souvent affaibli par le jeûne, avec les cornes émoussées, est assailli par une meute de chiens qui paient de la vie de plus d'un d'entre eux la victoire qu'on ne leur laisse pas toujours couronner par la mort da taureau. Un ours, quelquefois un léopard ou un once (une panthère), toujours muselés, souvent un âne, sont lancés tour-à-tour dans l'arène; quelquefois des hommes les excitent, mais en se tenant hors de danger." . Les combats se déroulaient le dimanche et le lundi, il fallait débourser "75 centimes aux troisièmes places, un franc aux secondes et deux francs aux premières loges toujours vides" sous la Restauration car la mode en était passé.
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Plan et coupe de l'amphithéâtre |
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Plan Goujon Andriveau. Tout est désert autour de la barrière du combat. Pas loin il y a la voirie de Montfaucon et les carrières de la Butte Chaumont. |
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Plan Vincenot Détail de la barrière du Combat. La barrière a une double porte: celle du combat et celle de la boyauderie plus au Nord. Le nom de cette dernière vient de ce qu'on conduisait à la Butte Chaumont les vieux chevaux pour récupérer peaux et boyaux et qu'il y avait rue de Meaux une "corderie à boyaux" . Les voitures de vidange ne pouvaient sortir et entrer à Paris que par la barrière du combat. |
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Papier peint combat d'animaux et roses. Nos ancêtres avait une vue très différente de la notre sur les combats d'animaux. Les rois avaient leur ménagerie et organisaient des combats. Mazarin installa la ménagerie royale dans les fossés de Vincennes et elle fut ensuite transférée à Versailles. La ménagerie du jardin des plantes à pour origine les confiscations révolutionnaires de ménageries privées. Dans les foires au XVIII e siècle on présentait de nombreux combats d'animaux. |
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L'âne mort de Jules Janin. Le roman commence à la barrière du combat. Le narrateur y arrive un jour de relâche et par désœuvrement demande un spectacle particulier. Un âne est tué par des molosses mais cet âne s'avère être Charlot, l'âne sur lequel se promenait Henriette, "la femme guillotinée". Ce pastiche des romans gothiques nous fera visiter successivement: la morgue, la place de grève, les prisons, les hôpitaux, un lupanar, et finalement un cimetière .... |
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L'enclos des chiens de la barrière du combat. On note le crane de cheval au premier plan car à Montfaucon, tout proche, finissaient tous les vieux chevaux de Paris. |
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Le triste aspect de Montfaucon. Il y eut là un célèbre gibet, puis une voirie qui recevait le contenu de toutes les fosses de la capitale. |
Sous l'ancien régime les combats se déroulèrent d'abord rue de Sèvres. Ils furent interdits et s'installèrent en 1781 à la barrière du combat (hors de Paris mais pas trop) d'abord route de Pantin puis rue de Meaux le long de la barrière des fermiers généraux de Ledoux.
Le premier spectacle, une course de taureaux, eu lieu le 16 avril " mais pour éviter tout accident on avait pris soin de saigner à blanc le taureau". le spectacle fut donc de peu d'intérêt et on interdit bientôt les courses de taureaux tout en autorisant les combats de chiens. Durant quelques temps les parisiens des faubourgs se ruèrent " dans cette enceinte pauvre et délabrée avec de grosses portes grossières set une vaste cour garnie de molosses jeunes et vieux , les yeux rouges, la bouche écumante, de cette écume blanchâtre qui descend lentement à travers les lèvres livides" ( Jules Janin) mais l'intérêt s'émoussa "malgré les feux d'artifice et les lancers d'aérostats dont on corsait la fin des spectacles".
C'est alors qu'apparut Carpolin. Cet ours de belle taille était imbattable et offrait des combats palpitants: les spectateurs revinrent. Carpolin vieillit mais sa mort est celle d'un gladiateur. Un dimanche " Carpolin tua d'abord trois chiens, puis on offrit un intermède ou un molosse assassinait un âne sur le dos duquel on avait attaché un singe. Pour finir le spectacle Carpolin "devait combattre une louve affamée. A trois reprises successives, le glorieux athlète terrassa son adversaire,..;, lorsqu'il fut fatigué de vivre il s'étendit lourdement dans le sable teinté de rouge et livra sa gorge à sa féroce ennemie". La suite fut moins héroïque puisque sa dépouille fut achetée par un coiffeur qui fit de sa graisse "une pommade infaillible contre la calvitie".
Avec la révolution il fut question d'interdire de tels spectacles. Bailly, maire de Paris, l'interdit mais le maire de Belleville eut le dernier mot: le spectacle continua. Pendant la Restauration il n'existait plus que des spectateurs populaires, les plus fidèles étant les garçons bouchers, et quelques amateurs désireux "d'essayer leur chien".
Des chaines terminées par des planches sur le pourtour de l'arène permettaient de suspendre un chien par la gueule en le faisant mordre et de voir combien de temps l'animal tiendrait. Le concours le plus célèbre oppose, à Montmartre, Lord Seymour (milord l'arsouille) au Squelette. Le premier accrocha son chien, King, a une aile de moulin et Loubet, le chien du squelette, fut suspendu à la suivante. Le vent se leva et les ailes se mirent à tourner. Au bout de 42 mn King tomba, Loubet tenait toujours mais quand on voulut le décrocher il était mort.
En 1824 l'infant Don Miquel conduisit ses deux bouledogues à la barrière du combat. Au début tout se passa bien, c'est à dire que ses chiens éventraient leurs adversaires. Cela déplut aux garçons bouchers et l'infant du se retirer sous une pluie de projectiles divers. Le lendemain l'infant est aux Tuileries et Louis XVIII lui demande " Comment trouvez vous les français ?". L'infant, amer, répond " Très impolis" ." Je le crois bien , dit le roi, jusqu'ici vous n'avez vu que nos garçons bouchers"
L'arène eut même sa légende héroïque. Labédollière raconte qu'un médecin charitable habitué des quartiers pauvres, Aussandon, alla avec son chien, un bouledogue, voir les combats. Un ours se battait contre des chiens et celui du médecin se précipita dans l'arène , son maître enjamba la barrière et l'ours se retourna contre lui, l'homme et la bête se livrèrent un corps à corps farouche dont le médecin sortit vainqueur mais du " languir deux ans ". Le Figaro du 7 mai 1859 raconte que le docteur Aussandon, ami des gens de lettres, vient de se suicider. Après avoir tenter le chloroforme, il s'achève au pistolet. Aussandon sera donc mort la troisième fois.
La morale publique s'émue de ces combats: " Pourquoi ce spectacle odieux ? Pourquoi cette curiosité sauvage, -ou plutôt de sauvages ? L'homme aime t'il donc voir couler le sang ? .. " et les combats furent interdits en 1833.
Sources et références
- Architectonographie des théâtres de Paris .Donnet 1821
- Histoire anecdotique des barrières de paris. Delvau 1865
- La vie parisienne à travers le XIX e siècle. C Simond (Labédollière p 73)
- Le vieux Paris. V Fournel. 1887
Les courses de taureaux
Antonio Franconi organise vers 1760 des combats de taureaux à Lyon et à Bordeaux puis se tourne vers les exercices équestres.
Sous l'Empire le combat de taureaux, comme il se pratique en Espagne, est autorisé (l'impératrice, Eugénie de Montijo, est espagnole). En 1850 la loi Grammont interdit les brutalités envers les animaux mais n'empêche pas les courses en province.
A la fin du XIX e siècle les courses de taureaux se pratiquent à l'hippodrome de l'Alma, avenue de Suffren, 24 quai de Billy (à l'emplacement du palais de Tokyo) et près du bois de Boulogne (58 rue Pergolèse), il y eut des courses de taureaux à l'exposition universelle de 1889.

Très Sympa ce voyage dans le temps...
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